L’inconscient, une notion, un concept qui fascine autant qu’il fait peur. La personnalisation d’une partie de nous que l’on ne peut pas contrôler, le pilote automatique du corps en somme. Mais, l’inconscient est-il si dangereux pour nous ? Est-il vraiment comme certains le soutiennent, une boite de pandore où sont enfermés, encodés, tous nos maux ainsi que nos expériences passées ?
Tout cela n’est pas si sûr…
Tout d’abord avant de parler du rôle de l’inconscient, ou même du conscient intéressons-nous à leur définition.
Qu’entendons-nous vraiment par conscient et inconscient ?
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Sommaire
- Les concepts
- Analyse des concepts
- Le rôle de l'inconscient
- Le rôle physique de l'inconscient
- Le rôle psychique de l'inconscient
- Psychanalyse et Hypnothérapie
- Les approches psychanalytiques
- Les approches hypnothérapeutiques
- Le rôle protecteur de l'inconscient
- L'encodage des informations
- Les mécanismes de défenses
- Le conscient et sa notion restrictive
- Approches théoriques du conscient
- Les paradoxes
- Les conflits conscients et inconscients (aspects sociaux et ethnologiques)
- Le rejet de l'incontrôlable
- La peur de l'inconnu
- Le travail de l'hypnose autour du conscient comme de l'inconscient
Les concepts
Le conscient peut être défini comme suit : « Connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur. » ou pour être plus précis : « Représentation mentale claire de l’existence, de la réalité de telle ou telles choses ».
En soi le conscient ou la conscience, nous permet de voir et d’appréhender le monde, et ainsi d’ajuster nos comportements à ce dernier. Le conscient nous permet d’avoir une vision du monde, la nôtre.
L’inconscient quant à lui peut être défini comme suit : « Qui ne possède pas de conscience » ou encore « Qui n’a pas conscience (de quelque chose) »
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Infirmier et hypnothérapeute j'exerce l'hypnothérapie depuis maintenant plus de 4 années. Spécialisé dans la gestion des Troubles Anxieux Généralisés (TAG), je suis à même de comprendre, d'analyser et de vous aider à résoudre les pathologies d'anxiété grâce à l'hypnothérapie.
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Hypnothérapeute intervenant au CHU de Caen
Analyse des concepts
Que ce soit en psychologie, en psychanalyse ou même en hypnothérapie, il est coutume de dire que le conscient représente environ 20% de la conscience globale, tandis que l’inconscient lui en représente environ 80%.
Cependant, dans ces deux définitions, la plus développée et précise est celle de la conscience. L’inconscient lui est relégué au fait de ne pas avoir de conscience, comme un personnage secondaire sans grand rôle à jouer.
Cela entretient une vision réductrice et négative de l’inconscient, et par conséquent, une peur de celui-ci. Même le mot inconscient à une portée négative : « Une personne inconsciente », « Il est inconscient du danger »… Entretenant l’idée que l’inconscient doit être maitrisé, contrôlé, pour éviter tout mal ou mauvaises actions.
Depuis plusieurs années déjà, nous savons que l’inconscient est un espace dans notre esprit où sont regroupés l’ensemble de nos expériences passés, nos souvenirs, traumatiques ou non. Ainsi que l’ensemble de nos routines, habitudes et comportements que nous avons choisi ou non en conscience.
L’inconscient est un réservoir.
Selon ces définitions, l’inconscient serait un puit sans fond, ni réflexion où toutes nos expériences de vie se retrouveraient pêle-mêle. Alors que le conscient lui, serait notre force de décision, notre capacité réflexive et d’adaptation.
Mais cela est légèrement plus compliqué, penchant nous sur cette face cachée de notre être qu’est l’inconscient.
Le rôle de l’inconscient
Le rôle physique
Pour commencer, nous pouvons séparer les rôles de l’inconscient en deux. Le premier, le corporel, le physique, nous permettant de vivre et le second les situations vécues, l’émotionnel, et sa capacité d’adaptation à ces dernières.
Comme dit plus haut, l’inconscient représente environ 80% de notre conscience. Et dans notre corps cela peut se constater.
Pour faire simple, l’inconscient régule dans notre corps tout ce que nous ne faisons pas en conscience, et qui existe sans même que nous nous en rendions compte.
En médecine on appelle cela le système parasympathique, qui représente l’ensemble des actions autonomes du corps.
Ainsi, les battements de votre cœur, les modifications hormonales, la vasodilatation (quand vous avez chaud), la vasoconstriction (quand vous avez froid), le langage corporel, ou même votre respiration quand celle-ci ne se fait pas en conscience et gérée par l’inconscient.
Un pilote automatique parfaitement expérimenté, qui gère finement l’ensemble de votre corps.
Il est quand même dommage d’avoir peur de ce qui nous aide à survivre, vous ne trouvez pas ?
Le rôle psychique
Au-delà de ce rôle de régulation et de survie corporel, l’inconscient à un grand rôle psychologique.
Il nous permet de stocker et d’encoder l’ensemble des expériences passées, mais surtout de nous adapter à ces dernières.
C’est lui qui nous permet de comprendre les situations, de les analyser ainsi que de mettre en place des stratégies en fonction de leur intensité.
Mais il gère aussi nos intuitions, nos ressentis, nos reflexes ainsi que nos émotions, que nous aimons tant refouler par peur d’en être submergé… A notre époque le contrôle du conscient est bien plus valorisé que le lâcher-prise de l’inconscient, mais, est-on seulement plus heureux dans le contrôle de la conscience ou dans le laisser-vivre de l’inconscient ?
Psychanalyse et Hypnothérapie
Les approches psychanalytiques
Dans la psychologie générale, deux courants de pensées s’opposent, même si sur certains points ils peuvent se rejoindre. J’ai dénommé ci-contre, la Psychanalyse et l’Hypnothérapie.
Mais alors, pourquoi deux courants de thérapie censés être au service du patient et de la résolution de sa problématique sont en désaccord ?
La principale dissension entre la Psychanalyse et l’Hypnothérapie se situe à la base même de la définition de l’inconscient.
Freud par ces travaux mettant en exergue la psychanalyse à très largement contribué à étouffer l’hypnothérapie pendant de nombreuses années.
Pour être plus précis, Freud, avant de développer la théorie psychanalytique à découvert et essayer de nombreuses thérapies et systèmes thérapeutiques sur ses patients.
L’hypnose a fait partie de ces techniques de thérapie que Freud à essayer. Il a pu se former auprès des plus grands hypnothérapeutes de son temps, Liébeault par exemple, pour ne citer que lui.
Après sa formation, Freud essaya l’hypnose pendant plusieurs années sans réel succès.
D’une manière générale, Freud était réticent quant aux bienfaits de l’hypnose et à sa possibilité thérapeutique, de plus il maniait maladroitement les techniques hypnotiques. Enfin, Freud recherchait dans l’hypnose la possibilité d’imposer et par conséquent d’induire des comportements à ces patients et notamment patientes quand il essaya d’abolir, via l’hypnose les symptômes de conversion de personnes hystériques.
L’hypnose selon Freud ne fonctionnait pas ou très peu. A la suite de quoi, Freud jugea l’hypnose inutile et illusoire et la rejeta pour se consacrer entièrement au développement de la théorie psychanalytique.
Cette théorie précise que l’inconscient est un réservoir de pulsions qu’il faut à tout prix contrôler pour ne pas perdre le contrôle de soi-même, ne pas se laisser « envahir » par ses émotions, ses ressentis… Et qu’il n’y a que dans la confrontation (l’abréaction) et la désensibilisation qu’une problématique peut être résolue.
En soi, on en revient à ce qui était dit au début de cet article, pour la théorie psychanalytique, l’inconscient est une boite de pandore dans laquelle sont enfermés tous les maux dont nous souffrons. Pour nous libérer de ces maux, la seule manière est de nous confronter et de nous battre contre nous-même (conflit conscient-inconscient).
Les approches hypnothérapeutiques
Cependant, avec l’arrivé de Milton Erickson, l’hypnose se modernise et conceptualise l’inconscient différemment de Freud.
En hypnose Ericksonienne et plus généralement en hypnothérapie, l’inconscient est considéré comme un réservoir de ressources, passés ou présentes pouvant être activés ou encore réactivés au besoin pour résoudre une problématique. L’inconscient est un protecteur silencieux.
Ainsi, au lieu d’utiliser l’abréaction et la désensibilisation de la psychanalyse, l’hypnothérapie permet un travail de collaboration avec l’inconscient en douceur pour vous permettre de changer.
On sait maintenant grâce à des études que l’hypnose et les effets hypnotiques sont bien réels. L’hypnose se démocratise de plus en plus dans la population générale comme auprès des professionnels de la santé, ainsi que dans les centres hospitaliers.
L’hypnose est un processus simple, adaptatif et rapide permettant un changement adéquat.
Je vous rassure les deux courants, Psychanalytique et Hypnothérapeutique ne sont pas ou du moins plus opposés et de nombreux psychiatres commencent à se former à l’hypnose pour l’intégrer dans leur arsenal thérapeutique.
Quant aux hypnothérapeutes, nous empruntons les théories psychanalytiques pour pouvoir approfondir certaines problématiques et ainsi nous permettre d’aider au mieux nos patients.
Le rôle protecteur de l’inconscient
L'encodage des informations
Comme nous l’avons vu précédemment, l’inconscient est un réservoir. Même si sa définition peut varier en fonction des courants de pensées, une chose est unanime, son pouvoir d’encodage.
En effet, l’inconscient encode l’ensemble des informations perçues ainsi que les situations vécues, et cela sans vous en rendre compte. Tout au long de votre vie, comme des journées vécues, l’ensemble des informations sont traitées et évaluées. Le cas échéant des actions correctrices sont mises en place.
Ces notions correctrices peuvent se manifester par des changements de paradigmes, ou encore des mécanismes de défenses. Ces mécanismes de défenses peuvent être dissociatifs ou même apathiques dans le cadre de situations traumatiques ou particulièrement impactantes. Mais aussi anxieux ou isolant, que ce soit là aussi dans le cadre de situations impactantes ou d’enchainement d’événements.
L’inconscient est continuellement en mouvement, instaurant et mettant à jour les mécanismes de défenses et notions correctrices, et tout cela hors de votre contrôle.
Les mécanismes de défense
Cependant, même si certains mécanismes de défenses peuvent paraitre particulièrement sévères et handicapants, ils sont toujours mis en place en réactions et à la hauteur d’un événement ou d’une situation.
En soi, l’inconscient effectue les manœuvres nécessaires pour nous protéger continuellement, et cela qu’importe si les mécanismes de défenses sont handicapants ou même enfermant.
L’ensemble des actions correctrices mis en place par l’inconscient font partie des notions de survie. Et même si j’entends bien que dans nos sociétés actuelles la notion de survie ne soit plus vraiment d’actualité, l’inconscient continue de coter et de réajuster continuellement ses processus pour que nous puissions évoluer, changer, mais surtout s’adapter.
Cependant, une autre notion est aussi à préciser, l’inconscient ne met pas en place que des mécanismes restrictifs à notre encontre, des mécanismes positifs sont tout aussi instaurés, simplement nous n’y portons que très peu d’attention les considérant comme adéquat.
Pour résumer, sachez que si certains mécanismes de défenses vous paraissent négatifs et hors de contrôle, ils ont été mis en place en réactions à un événement, une situation ou un enchainement de situations ayant créé une dissension. Qu’importe que vous en connaissiez la cause, ils ont été créés en réaction et sont toujours adaptées. Du moins au moment de leur mise en place.
Il arrive que certains mécanismes de défense restent en place pendant de nombreuses années, et ce parfois même alors que la situation les ayant instaurés n’est plus effective. Il devient alors nécessaire de venir les corriger par une intervention psychothérapeutique.
Le conscient et sa notion restrictive
Approches théoriques du conscient
Comme nous l’avons vu plus haut, de nombreuses choses sont gérées par l’inconscient. Que ce soient des mécanismes de défenses comme de survie mais aussi tous ce qui est lié aux notions corporelles comme la vasodilatation, vasoconstriction ou encore la respiration et bien d’autres…
Le conscient lui aussi à son rôle à jouer dans de nombreux processus, qu’ils soient physiques, comme psychiques.
D’une manière générale, on considère que le conscient peut appréhender et manipuler entre plus ou moins 5 à 7 informations étant donné la complexité de ces dernières. C’est-à-dire qu’en conscience vous appréhendez, analysez et comprenez continuellement le monde qui vous entoure.
Cependant, la conscience analyse et appréhende le présent (ce que vous êtes en train d’effectuer), et le futur (ce qui peut se passer). C’est ce qui vous permet là aussi d’être adaptatif et de réévaluer des stratégies qu’elles soient personnelles, comme professionnelles.
En soi, le conscient est dirigé vers la notion de présent et de futur, tandis que l’inconscient est dirigé vers le passé à évaluer les situations produites.
C’est là que le bât blesse, certaines notions ne sont disponibles qu’inconsciemment et d’autres consciemment. Sans communication entre ses deux parties, on assite à la naissance des paradoxes.
Les paradoxes
Les paradoxes sont des notions importantes présentes dans la très grande majorité des troubles anxieux. La plupart du temps, les troubles anxieux apparaissent à la suite d’un événement passé, et sont donc des mécanismes de défenses que met en place l’inconscient. Cependant, consciemment vous n’avez plus forcément accès à ces notions passées, ce qui plonge la personne dans une incompréhension totale.
L’exemple type de ces incompréhensions, sont les phobies qu’elles soient généralistes ou encore spécifiques. Dans le cadre de phobies spécifiques, que ce soit l’agoraphobie, la claustrophobie ou autres… la personne qui les subits rationnalise les faits, critique son/ses anxiété(s) et ne comprend pas leurs déclenchements ou encore leurs intensités.
En effet, le déclenchement est lié au passé (inconscient), la compréhension elle, est présente (conscient), et l’anticipation est futur (conscient).
Là, se créé les paradoxes, fruit des incompréhensions entre le conscient et l’inconscient.
En soi, comprenez qu’ici se créé, le terreau d’un conflit interne, dont vous ne sortirez malheureusement ou heureusement pas vainqueur.
Les conflits conscients et inconscients (aspects sociaux et ethnologiques)
Le rejet de l'incontrôlable
Les conflits entre conscient et inconscient se perpétuent depuis de nombreuses années. Pas seulement au niveau de la personne en tant qu’individu mais plus au niveau sociétal et culturel.
Longuement imprégnées, les théories psychanalystes freudiennes ont infusé dans la société, relayant une idée, ou plutôt une notion de combat contre soi-même.
Cependant, il serait inégale de rejeter la faute sur les théories freudiennes. La société imposant des normes de performances toujours plus importantes, et la plupart du temps inatteignables, renforcent cette notion de combat, de toujours donner plus de sa personne, d’être encore et toujours meilleur.
C’est souvent ce qu’est entendu par les personnes souffrant de troubles anxieux généralisés : « Il faut être fort(e) », « Il faut dépasser les choses », « Arrête ton cinéma »…
Cette dernière étant particulièrement violente car annihilant la réalité de la perception anxieuse subie.
L’ensemble de ces réflexions aussi infondées soient-elles, partent du principe qu’il faut se battre pour pouvoir avancer, mettant en avant la notion de conflit interne.
La peur de l'inconnu
Tout cela vient du fait d’une peur de l’inconnu. L’inconscient faisant partie de l’incontrôlable, de plus placardé comme un fauteur de troubles par les théories freudiennes, il faut le maitriser, je dirais même plus le contrôler.
Le contrôle est une arme à double tranchant, bien exercé, il permet de maitriser l’émotionnel, de vivre en société, ainsi qu’une vie équilibrée. Cependant, un contrôle à outrance va venir provoquer paradoxalement de l’instabilité, ou plus précisément la peur d’une instabilité probable (anxiété d’anticipation).
C’est ce que j’observe souvent chez mes patients souffrant de troubles anxieux, le contrôle est omniprésent. Et malgré tout le contrôle exercé, la seule variable qui n’est pas contrôlée est eux- même, et bien souvent encore plus leurs syndromes anxieux.
Les notions inconscientes s’exprimant par le biais des troubles anxieux, sont l’expression même d’un mal-être difficilement contrôlable. L’inconscient n’est qu’une alarme nous prévenant du danger, une alarme envers laquelle au lieu de se battre, il vaut mieux collaborer.
Le travail de l’hypnose autour du conscient comme de l’inconscient
L’hypnose en tant que technique thérapeutique, ainsi que la suggestion permettent d’agir directement au niveau de l’inconscient grâce aux mots et à certaines tournures de phrases.
Ce fait d’intervenir sur l’inconscient permet de retravailler certains souvenirs ou informations ayant pu être dysfonctionnelles comme traumatisantes. Mais aussi de retravailler toute la chaine s’étant mise en place parfois depuis de nombreuses années, jusqu’au(x) symptôme(s).
Le travail en hypnothérapie se situe notamment au niveau des souvenirs dysfonctionnelles, comme des manques ou perturbations qu’il ont pu entrainer (confiance, estime, assurance, vision du monde…) mais aussi au niveau des mécanismes de défenses mises en place.
Les mécanismes dissociatifs, apathiques ou encore de contrôle peuvent être travaillés efficacement grâce à l’hypnose.
En hypnothérapie, la volonté est celle d’une collaboration entre le thérapeute, le patient, son conscient et son inconscient, et jamais celle d’un combat.
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