Phobie : Comment l'Hypnothérapie peut-elle vous libérer de vos craintes ?
Mis à jour le 06/03/2025
Introduction

Les phobies font partie des troubles anxieux les plus répandus, touchant environ une personne sur dix au cours de sa vie. Il s’agit de peurs intenses, irrationnelles et incontrôlables déclenchées par un objet, un être vivant ou une situation spécifique.
Bien au-delà d’une simple peur, la phobie provoque une anxiété extrême dès que la personne est confrontée (ou même qu’elle anticipe l’exposition) à ce stimulus phobogène. Elle entraîne souvent des comportements d’évitement pour fuir coûte que coûte l’objet ou la situation redoutée.
Par exemple, quelqu’un qui souffre de claustrophobie évitera systématiquement les ascenseurs, quitte à monter de nombreux étages à pied. De même, une personne arachnophobe pourra inspecter minutieusement chaque recoin de sa maison pour s’assurer de l’absence d’araignées.
Le caractère paralysant et disproportionné de la peur est tel qu’il handicape le quotidien et peut altérer la qualité de vie. La personne phobique est généralement consciente du caractère irrationnel de sa peur, mais elle est incapable de la raisonner ou de la contrôler.
Elle peut éprouver une grande détresse et de la honte face à cette réaction qu’elle juge elle-même excessive. Les phobies restent pourtant un trouble anxieux fréquent et bien identifié cliniquement. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions thérapeutiques efficaces pour s’en libérer, notamment l’hypnothérapie que nous aborderons.
Dans cet article, nous allons explorer en détail ce qu’est une phobie, comment la distinguer d’une peur normale, quels sont les différents types de phobies et leurs causes, les signes qui doivent alerter, l’ampleur du phénomène en France, ses conséquences et évolutions possibles, ainsi que les mécanismes de défense mis en place par l’esprit phobique.
Nous verrons ensuite l’impact au quotidien de vivre avec une phobie, avant de présenter un focus sur le traitement par hypnothérapie – une approche thérapeutique prometteuse pour vaincre durablement les phobies.
Une section FAQ viendra enfin répondre aux questions fréquentes sur les phobies.
L’objectif est de vous fournir une ressource complète, scientifiquement rigoureuse mais accessible.
A retenir dans cet article
✔ Qu’est-ce qu’une phobie ? Une peur intense, irrationnelle et incontrôlable face à un objet ou une situation spécifique.
✔ Types de phobies : Phobies spécifiques (animaux, hauteurs, sang…) et complexes (agoraphobie, phobie sociale).
✔ Causes possibles : Expériences traumatisantes, facteurs génétiques, apprentissage parental, hyper-réactivité cérébrale.
✔ Signes et symptômes : Anxiété intense, crises de panique, évitement systématique, détresse psychologique.
✔ Prévalence : Environ 10 % de la population souffre de phobies à divers degrés en France.
✔ Conséquences sur la vie quotidienne : Isolement, difficultés professionnelles et relationnelles, aggravation de l’anxiété.
✔ Mécanismes de défense : Évitement, dissociation, rationalisation excessive pour tenter de contrôler la peur.
✔ Évolution des phobies : Si non traitées, elles peuvent s’ancrer et s’étendre à d’autres peurs.
✔ Traitement efficace : L’hypnothérapie est une méthode scientifiquement reconnue pour réduire et éliminer les phobies.
✔ Vaincre une phobie, c’est possible ! Avec une prise en charge adaptée, il est possible de retrouver une vie normale, sans peur limitante.
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Hypnothérapeute intervenant au CHU de Caen
Définition d'une phobie

Définition clinique
Une phobie se caractérise par une peur intense, incontrôlable et persistante déclenchée par la confrontation à un objet ou une situation bien définis, ne présentant pas de danger objectif.
C’est une peur démesurée et irrationnelle, ressentie de façon incontrôlable par la personne, qui reconnaît pourtant intellectuellement que l’objet ou la situation ne justifie pas un tel effroi.
Ce caractère disproportionné et irrationnel de la réaction phobique est justement ce qui distingue cliniquement une phobie d’une peur normale.
Par exemple, avoir peur d’un chien inconnu qui grogne peut être rationnel, mais être terrorisé par un caniche inoffensif au point de traverser la rue relève d’une phobie (la cynophobie).
Classification médicale
Dans les classifications médicales, les phobies sont répertoriées comme troubles anxieux.
Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) distingue notamment la phobie spécifique (Specific Phobia) et d’autres troubles apparentés comme l’agoraphobie ou l’anxiété sociale.
Les critères diagnostiques du DSM incluent typiquement : une peur marquée et persistante déclenchée par des objets ou situations spécifiques, toujours ou presque toujours ressentie dès l’exposition, menant à une détresse intense ou une conduite d’évitement, la personne reconnaissant le caractère excessif de sa peur, et la durée des symptômes (généralement ≥6 mois).
La Classification Internationale des Maladies (CIM-10 et CIM-11) classe également les phobies dans la catégorie des troubles anxieux phobiques, y incluant l’agoraphobie, les phobies spécifiques (appelées aussi phobies isolées ou simples) et la phobie sociale.
Différence entre une phobie et une peur adaptative
Ce qui distingue une phobie d’une peur adaptative est donc son intensité extrême et son côté inapproprié au regard du danger réel (le danger est inexistant ou très faible).
La peur phobique déclenche une réponse anxieuse immédiate, souvent panique, avec des symptômes physiques prononcés, alors qu’une peur ordinaire reste proportionnée et contrôlable.
Comme l’explique le psychiatre Paul Denis, « la phobie, peur irrationnelle déclenchée par une circonstance sans danger, est sans doute le symptôme psychopathologique le plus répandu », et c’est justement « le caractère de danger irréel qui distingue cliniquement la phobie de la peur ».
En résumé, la phobie est une peur pathologique par son intensité et son irrationalité, reconnue comme telle par les classifications médicales de référence (CIM, DSM).
Distinction entre phobie simple et phobie complexe

Toutes les phobies ont en commun cette peur irrationnelle centrée sur un objet ou une situation. Cependant, on distingue traditionnellement les phobies spécifiques (appelées aussi phobies simples) des phobies complexes.
Phobie spécifique (phobie "simple")
Il s’agit d’une peur excessive et injustifiée déclenchée par un objet ou une situation bien précis(e).
La phobie spécifique se limite généralement à un stimulus cible particulier : par exemple la vue d’un certain animal (araignées, serpents, chiens, etc.), la présence de sang ou d’aiguilles, la hauteur, l’obscurité, les orages, les espaces clos, prendre l’avion, etc. Il existerait une multitude de phobies spécifiques (on en dénombre des centaines, voire des milliers de variantes).
Tant que la personne parvient à éviter le déclencheur, la phobie spécifique reste circonscrite et peut avoir peu d’impact sur la vie quotidienne.
Par exemple, quelqu’un phobique des serpents (ophidiophobie) pourra vivre normalement en ville sans jamais croiser de serpent. Toutefois, dès que l’exposition se produit, la réaction est extrêmement vive et anxiogène.
Phobies complexes
Ce terme désigne des phobies dont le champ d’application est plus large ou diffus, souvent liées à des situations plus globales et pouvant impliquer plusieurs peurs combinées.
Les deux principales sont l’agoraphobie et la phobie sociale. On les qualifie de “complexes” car elles impliquent un ensemble de scénarios redoutés plutôt qu’un objet unique.
L'agoraphobie
L’agoraphobie est la peur panique des espaces où il pourrait être difficile de s’échapper ou d’être secouru en cas de malaise.
Il ne s’agit pas simplement de la peur de la foule ou des espaces ouverts : c’est surtout la crainte de se retrouver coincé dans un lieu public (transports en commun, centre commercial, files d’attente, pont, etc.) d’où l’on ne pourrait fuir aisément ou où personne ne pourrait aider en cas de crise d’angoisse.
L’agoraphobie débute souvent à l’âge adulte jeune et peut s’installer progressivement, parfois suite à des attaques de panique répétées.
Dans les cas sévères, la personne n’ose plus sortir de chez elle sans être accompagnée et finit par s’enfermer dans un périmètre de sécurité restreint.
Phobie sociale
La phobie sociale (ou trouble d’anxiété sociale) est une peur intense et irraisonnée des situations où l’on est exposé au regard et au jugement d’autrui. Le sujet redoute par-dessus tout d’agir de façon embarrassante ou humiliante en public.
Par exemple, parler en public, passer un examen oral, manger ou écrire devant d’autres, ou simplement prendre la parole en réunion peuvent déclencher une anxiété aiguë chez une personne atteinte de phobie sociale.
Elle craint de rougir, de trembler, de bafouiller – et cette peur de perdre ses moyens renforce encore son anxiété.
La phobie sociale se manifeste souvent à l’adolescence ou chez le jeune adulte, en général chez des personnes prédisposées par une grande timidité initiale. Sans prise en charge, elle peut être très invalidante sur le plan scolaire, professionnel et affectif.
On parle de phobie scolaire lorsque l’évitement phobique concerne spécifiquement le fait d’aller à l’école ou au collège, par peur d’y être interrogé, jugé ou en situation sociale (cette forme touche parfois les enfants et adolescents).
En résumé, les phobies spécifiques (simples) portent sur un objet ou contexte précis (un animal, un lieu, une activité), tandis que les phobies complexes englobent des peurs plus globales liées à des situations de vie (interaction sociale, environnement ouvert).
Toutes deux provoquent une anxiété irrationnelle intense, mais les phobies complexes ont tendance à avoir un impact plus diffus et handicapant car elles impliquent de multiples circonstances du quotidien.
On peut imaginer la différence de retentissement entre avoir peur uniquement des serpents (phobie spécifique gérable par l’évitement) et avoir peur de sortir de chez soi (agoraphobie) ou d’interagir en société (phobie sociale), ce qui est bien plus limitant.
Il est toutefois possible d’associer une phobie spécifique à une phobie complexe chez une même personne.
Par exemple, une personne agoraphobe peut aussi développer la phobie des ascenseurs ou des avions (situations liées à l’incapacité de s’échapper).
Notons enfin que certaines terminologies spécialisées existent pour des variantes particulières, comme les phobies d’impulsion (peur obsédante de commettre un acte impulsif dangereux, par exemple blesser quelqu’un ou se jeter d’une hauteur).
Bien que leur nom contienne phobie, les phobies d’impulsion peuvent se confondre avec des troubles obsessionnels (TOC) dans leur mécanisme, et on veille à les distinguer des phobies dont nous parlons ici.
Dans la suite, nous nous concentrerons sur les phobies au sens classique (phobies spécifiques, agoraphobie, phobie sociale).
Types de phobies

Il existe une multitude de phobies recensées, souvent nommées par un terme savant (généralement d’origine grecque) combiné au suffixe “-phobie”. On peut les classer en grandes catégories thématiques, illustrées par quelques exemples courants :
Phobies liées aux animaux (zoophobies)
Peur de certains animaux, souvent petits ou associés aux peurs ancestrales. Exemples : arachnophobie (peur des araignées), ophidiophobie (peur des serpents), cynophobie (peur des chiens), musophobie (peur des souris) ou ailurophobie (peur des chats).
Ces phobies animales sont parmi les plus répandues, l’araignée arrivant fréquemment en tête des phobies déclarées.
Phobies de l’environnement naturel
Peur d’éléments ou phénomènes naturels. Exemples : acrophobie (peur des hauteurs, du vide), brontophobie (peur du tonnerre et des orages), aquaphobie (peur de l’eau), astraphobie (peur de la foudre), etc.
Beaucoup d’enfants traversent d’ailleurs des peurs de ce type (orage, obscurité) qui s’estompent en grandissant.
Phobies sanguines et médicales
Peur liée au sang, aux blessures, aux aiguilles ou actes médicaux. Exemples : hématophobie (peur du sang), trypanophobie (peur des piqûres/injections), nosophobie (peur de contracter une maladie), dentophobie (peur du dentiste).
Ces phobies peuvent poser problème pour les soins de santé : par exemple, la phobie des piqûres peut compliquer gravement un suivi médical ou une vaccination.
Phobies situationnelles
Peur de situations particulières, souvent en lien avec des espaces clos ou les transports. Exemples : claustrophobie (peur des espaces confinés, ascenseurs, tunnels…), aviophobie ou aérophobie (peur de prendre l’avion), géphyrophobie (peur de traverser les ponts), amaxophobie (peur de conduire une voiture).
Là encore, ces phobies peuvent avoir un retentissement concret important (ne pas pouvoir prendre l’avion peut restreindre voyages ou carrière ; ne pas conduire peut compliquer la vie quotidienne).
Phobies liées à l’hygiène, la contamination ou la maladie
La peur obsessionnelle d’être contaminé ou malade peut se traduire par des phobies comme la mysophobie (peur de la saleté et des microbes), l’émétophobie (peur de vomir), ou l’hypocondrie (peur excessive d’avoir une maladie grave).
Ces peurs peuvent conduire à des comportements compulsifs (lavage excessif, évitement de lieux publics, etc.).
Phobies sociales et d’évaluation
En lien avec le regard d’autrui ou la performance. Exemples : la glossophobie (peur de parler en public), l’éreutophobie (peur de rougir en public), la scopophobie (peur d’être regardé fixement), la peur des examens.
Ces phobies chevauchent le trouble d’anxiété sociale lorsque elles sont généralisées à de nombreuses situations sociales.
Phobies atypiques ou insolites
Outre les grands classiques, il existe des phobies plus rares pouvant sembler étonnantes.
Par exemple, la coulrophobie (peur des clowns), la pédophobie (peur des poupées ou des enfants), la gamophobie (peur du mariage/engagement), la chronophobie (peur du temps qui passe), la phagophobie (peur de s’étouffer en avalant)…
Aussi singulières soient-elles, ces phobies suivent les mêmes mécanismes : un objet mental prend une valeur effrayante extrême pour la personne qui en souffre.
Cette liste n’est pas exhaustive – loin de là. Certaines sources estiment qu’il existe plus de 6000 types de phobies spécifiques identifiées dans la littérature médicale ou populaire.
En pratique, nombre de phobies spécifiques sont très pointues (par exemple la peur des pommes de terre, appelée patatophobie !).
Ce qui importe de retenir, c’est que quelle que soit la phobie, elle s’inscrit en général dans l’une des grandes catégories ci-dessus et fonctionne sur le même schéma : un stimulus particulier (objet, animal, situation) déclenche une peur panique incontrôlable, conduisant la personne à tout faire pour l’éviter.
Certaines phobies peuvent paraître incompréhensibles ou “bizarres” pour l’entourage, mais pour la personne qui la vit, la terreur ressentie est bien réelle. Il convient donc de prendre au sérieux même les phobies qui semblent peu rationnelles ou inhabituelles.
Enfin, rappelons les deux phobies complexes déjà mentionnées : l’agoraphobie (peur des lieux publics difficiles à fuir) et la phobie sociale (peur des situations d’interaction sociale).
Celles-ci sont souvent considérées à part des phobies spécifiques dans les classifications, car elles engagent des peurs multiples et des mécanismes un peu différents.
Par exemple, l’agoraphobie comporte souvent la peur d’avoir une crise d’angoisse en public et d’en être incapable de s’échapper, ce qui la lie au trouble panique.
La phobie sociale, elle, se rapproche de l’anxiété de performance et peut impliquer un profond manque de confiance en soi.
Nous y avons déjà fait allusion et y reviendrons en parlant des conséquences et de l’évolution des phobies.
Causes d'une notion phobique

D’où viennent les phobies ? Il n’y a pas une cause unique valable pour toutes les phobies – elles résultent généralement de facteurs multiples, à la fois environnementaux, psychologiques et parfois biologiques.
Voici les principaux éléments identifiés dans l’origine des phobies :
Apprentissage et expériences passées
Souvent, une phobie spécifique peut s’installer suite à une expérience traumatisante ou effrayante vécue dans l’enfance.
Par exemple, une personne mordue par un chien dans son enfance peut développer plus tard une phobie des chiens. De même, un enfant qui a eu un malaise dans un endroit clos pourrait associer ce souvenir à une peur durable des espaces confinés.
Fait intéressant, la situation n’a pas besoin d’avoir réellement eu lieu : l’imagination ou l’observation peuvent suffire.
Un enfant qui voit quelqu’un d’autre se faire agresser par un chien, ou qui entend un adulte raconter l’attaque d’un chien, peut intégrer cette peur et développer une phobie même sans avoir été lui-même mordu. Les récits, mises en garde ou images marquantes peuvent ainsi marquer durablement le psychisme.
C’est ce qu’on appelle le conditionnement, direct ou vicariant : la peur s’apprend par association d’une situation à un danger perçu.
Une célèbre expérience en psychologie (le petit Albert, 1920) a montré comment un enfant pouvait être conditionné à craindre un objet inoffensif (un rat blanc) en l’associant à un bruit effrayant – illustrant la formation artificielle d’une phobie par association.
Dans la vraie vie, nombre de phobies se forment de façon similaire, par une association fortuite entre une montée d’angoisse et un élément de l’environnement qui se trouvait là à ce moment (bruit, lieu, objet…).
L’expression finale d’une phobie correspond à une montée anxieuse intense qui se fixe sur un élément de l’environnement par un effet de condensation, même si cet élément n’était pas la cause première de l’angoisse.
Par exemple, une violente crise d’angoisse survenant dans un magasin bondé peut “fixer” la peur sur la situation du magasin, déclenchant par la suite une phobie des foules ou des centres commerciaux, alors même que l’origine de l’angoisse initiale pouvait être autre.
Environnement familial et modélisation
L’entourage joue un rôle important. Un enfant qui grandit auprès d’un parent phobique peut intérioriser ses peurs.
Les parents anxieux transmettent souvent une certaine vigilance excessive face aux dangers.
Si un parent a une phobie des insectes et sursaute ou crie dès qu’il voit une araignée, son enfant observe cette réaction et peut apprendre à avoir la même terreur des araignées, sans cause directe hormis l’imitation du modèle parental.
De même, des parents qui surprotègent leur enfant et insistent beaucoup sur les dangers du monde (accidents, microbes, etc.) peuvent, sans le vouloir, installer un terrain anxieux propice aux phobies chez l’enfant en le rendant hyperconscient du danger.
Ainsi, l’éducation et les messages reçus durant l’enfance (« fais attention à ci, ne touche pas à ça, c’est dangereux ») peuvent contribuer au développement plus tard de phobies, en particulier de phobies sociales si l’enfant a été élevé dans la crainte du jugement des autres.
Cependant, cela reste à nuancer, la plupart des notions phobiques sont personnelles.
Personnalité et facteurs psychologiques
Certaines caractéristiques individuelles prédisposent aux phobies. Une timidité excessive ou une faible estime de soi peuvent favoriser la phobie sociale, par exemple.
Un tempérament anxieux ou inquiet de nature rend plus vulnérable en général aux troubles phobiques.
Des traits comme le perfectionnisme (vouloir tout contrôler, ne tolérer aucune erreur) sont souvent observés, notamment dans la phobie sociale ou certaines phobies situationnelles, où la personne redoute de perdre le contrôle d’elle-même en public.
Parfois, la phobie peut être l’expression d’un conflit psychique plus profond – par exemple en psychanalyse, on a pu interpréter certaines phobies d’animaux comme le déplacement d’une angoisse interne vers un objet extérieur (la célèbre « petite Hans » de Freud, phobique des chevaux, illustre ce genre de mécanisme symbolique).
Sans entrer dans ces explications symboliques, on peut retenir qu’une vulnérabilité émotionnelle préexistante (anxiété de base élevée, difficulté à gérer le stress) facilite l’installation d’une phobie lorsqu’un événement déclencheur survient.
Facteurs génétiques et neurobiologiques
Existe-t-il un terrain génétique aux phobies ? La recherche n’a pas identifié de “gène de la phobie” spécifique, et on considère que l’héritabilité des phobies passe surtout par le tempérament anxieux qui peut être en partie familial.
Avoir des proches souffrant de troubles anxieux augmente le risque, mais cela peut s’expliquer autant par l’imitation et l’apprentissage que par les gènes.
Néanmoins, des études suggèrent qu’il pourrait y avoir une sensibilité innée chez certaines personnes, liée au fonctionnement du cerveau face à la peur.
En particulier, l’amygdale, région cérébrale impliquée dans le traitement des émotions de peur, jouerait un rôle central. Une peur intense laisse une trace mnésique durable dans l’amygdale ; si cette empreinte est fortement renforcée, elle pourrait enclencher des phobies spécifiques par la suite.
Certaines personnes ont une amygdale plus réactive, les rendant plus promptes à développer des réactions phobiques.
Des études d’imagerie ont montré que chez des patients phobiques, les circuits cérébraux de la peur (amygdale, insula…) s’activent anormalement à la vue de stimuli pourtant neutres pour les autres. Le cerveau phobique “surinterprète” le danger.
Ces découvertes expliquent également le succès des thérapies d’exposition ou de l’hypnose : en modifiant progressivement la réponse de l’amygdale aux stimuli, on peut atténuer la peur conditionnée.
En résumé, il existe possiblement un terrain neurobiologique (tempérament anxieux, hyper-réactivité cérébrale à la peur) qui, combiné aux expériences de vie, aboutit chez certains aux troubles phobiques.
En pratique, la plupart des phobies résultent d’un cocktail de ces facteurs.
Par exemple, la phobie sociale peut s’expliquer par une timidité constitutionnelle (facteur psychologique), renforcée par un environnement familial peu exposé socialement (facteur environnemental) et peut-être un événement humiliant à l’adolescence (facteur déclenchant).
De même, une phobie spécifique comme l’émétophobie (peur de vomir) peut provenir d’une expérience traumatisante (avoir été très malade en public), mais souvent, elle peut aussi apparaître de façon moins évidente : une personne avec une anxiété latente va vivre une forte crise d’angoisse lors d’une situation X et, parce qu’elle avait une nausée au même moment, son esprit va associer cette montée d’angoisse à la sensation de nausée – fixant ainsi la peur sur le vomissement lui-même.
Ce type de mécanisme d’association paroxystique est fréquent dans l’établissement des phobies.
Il convient enfin de noter que certaines phobies complexes ont des causes plus progressives : par exemple, l’agoraphobie apparaît souvent suite à des attaques de panique à répétition.
La personne ayant vécu plusieurs crises d’angoisse soudaines commence à craindre d’en refaire en certains lieux, puis évite ces lieux, ce qui accroît sa peur et élargit progressivement les zones évitées. On parle de peur de la peur qui s’installe.
Ainsi, la cause initiale est le trouble panique, et la phobie (agoraphobie) en est une complication.
Quant à la phobie sociale, elle peut découler d’une accumulation d’expériences de rejet ou de moqueries pendant l’enfance, ou simplement d’un manque d’exposition aux situations sociales (un enfant très isolé ou protégé peut grandir sans avoir appris à gérer le regard des autres). Elle est souvent précédée d’une grande timidité durant l’enfance.
En résumé, une phobie naît généralement de la rencontre entre une prédisposition anxieuse (terrain sensible, tempérament craintif, parfois hérité ou acquis jeune) et un événement ou apprentissage marquant (traumatisme direct, observation d’une peur chez un tiers, messages parentaux alarmants…).
Cette rencontre produit un conditionnement durable : le cerveau associe un stimulus donné à un danger majeur et enclenche un circuit de peur automatique.
Par la suite, le fait d’éviter systématiquement ce stimulus renforce la phobie (car l’absence d’exposition empêche de contredire la peur et même, l’évitement soulageant sur le moment vient conforter l’idée que la fuite était justifiée).
C’est ainsi qu’une phobie peut se consolider et perdurer sur des années, voire des décennies, si rien n’est fait pour rompre ce cercle vicieux.
Signes et symptômes d'une phobie

Comment reconnaître qu’il s’agit d’une phobie et non d’une peur passagère ? Les signes et symptômes d’une phobie se manifestent à différents niveaux – émotionnel, cognitif, physique et comportemental – dès que la personne est confrontée à l’objet de sa peur ou même à l’idée de cette confrontation.
Voici les principaux symptômes caractéristiques :
Peur irraisonnée et incontrôlable
La réaction de peur est immédiate, intense et disproportionnée dès l’exposition au stimulus phobogène, sans commune mesure avec le danger objectif.
Par exemple, une personne atteinte d’arachnophobie peut ressentir une terreur panique en voyant une petite araignée inoffensive sur un mur.
Cette peur est persistante (elle dure depuis au moins plusieurs mois) et survient quasiment à chaque fois que le stimulus est rencontré.
La seule anticipation de la situation peut suffire à déclencher l’angoisse. La personne sait que sa peur est excessive ou absurde, mais ne peut s’en empêcher.
Anxiété anticipatoire (peur d’avoir peur)
Entre les expositions, la personne phobique développe souvent une anxiété par anticipation. Il redoute à l’avance les situations où elle pourrait être confrontée à sa phobie.
Par exemple, quelqu’un qui a la phobie des espaces clos va se sentir anxieux rien qu’à l’idée de devoir peut-être prendre un ascenseur plus tard dans la journée. Cette peur anticipatoire peut devenir envahissante au quotidien.
On parle parfois de phobophobie – la peur de revivre la peur – notamment dans le trouble panique où la personne craint d’avoir une attaque.
Dans la phobie, cette anticipation anxieuse se traduit par une hypervigilance : le sujet reste en alerte constante pour détecter et éviter le moindre indice lié à sa peur. Par exemple, l’agoraphobe repère immédiatement les issues de sortie dans un lieu public, le phobique des chiens scanne les environs lors d’une promenade, etc.
Crises d’angoisse et symptômes physiques intenses
Face à l’objet phobique, l’anxiété atteint souvent un paroxysme pouvant aller jusqu’à la crise de panique.
La personne ressent une peur panique pouvant s’accompagner de symptômes physiques variés : palpitations cardiaques (cœur qui s’emballe), sueurs, tremblements, sensation d’étouffement ou d’oppression dans la poitrine, souffle court, vertiges, bouffées de chaleur ou frissons, nausée ou maux de ventre, sensation de “boule dans la gorge”.
Ces symptômes somatiques sont ceux d’une réaction d’anxiété aiguë activant le système nerveux autonome (la réaction “fuir ou combattre”). Ils peuvent être si intenses que la personne craint de s’évanouir, de “devenir folle” ou même de mourir sur le coup (sensation de mort imminente).
Heureusement, ces crises phobiques sont temporaires (une attaque de panique dure en moyenne moins de 30 minutes), mais sur le moment la souffrance est extrême.
On parle de réaction anxieuse paroxystique lorsque la montée de panique est brutale et atteint un pic maximal en quelques minutes.
Toutes les phobies n’entraînent pas forcément une attaque de panique complète, mais toutes produisent une anxiété marquée et des symptômes physiques de peur lorsque la personne est face à sa phobie.
Sidération ou comportements incontrôlés
Sous l’effet de la terreur, la personne peut soit rester figée (sidérée), incapable de bouger ou de penser clairement, soit au contraire agir de façon désorganisée pour échapper à la situation (fuite panique).
Par exemple, une personne phobique des guêpes, si une guêpe approche, peut pousser un cri, partir en courant brusquement, ou rester tétanisée, tremblante, en pleurs.
Ces réactions incontrôlées ajoutent parfois à la honte ressentie ensuite (la personne phobique est souvent embarrassée de ses propres réactions).
Conduites d’évitement systématique
Le signe comportemental typique est l’évitement de toute situation où l’objet phobique pourrait être présent.
Cet évitement peut devenir très contraignant et élaboré. Par exemple, un phobique de l’avion renoncera à des voyages lointains ou choisira le train même pour de longues distances ; un agoraphobe évitera les transports en commun, les lieux bondés, quitte à restreindre énormément son périmètre de vie ; un émetophobe (peur de vomir) évitera de manger dans des restaurants de peur d’avoir une intoxication, évitera les soirées alcoolisées, etc.
L’évitement soulage à court terme (puisqu’il évite la crise de peur), mais il entretient la phobie sur le long terme en empêchant toute habituation.
Parfois, à l’inverse, certaines personnes mettent en place des conduites dites contra-phobiques : ce sont des stratégies pour se confronter quand même à la situation mais en se rassurant artificiellement.
Par exemple, quelqu’un de phobique de l’obscurité traversera un endroit sombre mais accompagné d’une personne de confiance (le proche faisant office de “béquille” rassurante). Ou bien une personne ayant peur en avion ne volera qu’avec un médicament anxiolytique pour se calmer.
Ces stratégies permettent de ne pas renoncer complètement à l’activité, mais elles indiquent que la peur est bien présente en arrière-plan, gérée par des artifices.
Impacts émotionnels et cognitifs
La phobie envahit aussi le mental de la personne.
En dehors des crises, le phobique peut avoir des ruminations anxieuses à propos de sa peur – il y pense souvent, avec des scénarios catastrophes en tête (“Et si je me retrouvais coincé là… ?”).
Il peut développer des croyances irrationnelles liées à sa phobie (par exemple, le phobique des ascenseurs sera convaincu qu’il risque la mort s’il monte dans un ascenseur, même s’il sait rationnellement que c’est très sûr).
Il y a souvent un conditionnement cognitif : le simple mot ou l’image de l’objet phobique provoque déjà un malaise. Par exemple, certaines personnes ne supportent pas qu’on prononce le mot “araignée” ou qu’on leur montre une photo d’araignée – un frisson les parcourt, signe que le cerveau associe ce concept à la peur.
Par ailleurs, la phobie peut entraîner de la frustration et une baisse de l’estime de soi, car la personne se sent limitée par une peur “ridicule” (selon ses propres termes) qu’elle n’arrive pas à vaincre.
Cela peut évoluer vers un sentiment d’impuissance ou de dépression si la phobie handicape fortement sa vie.
Durée et stabilité des symptômes
Les phobies ont tendance à s’installer dans la durée.
Ce n’est pas une peur passagère de quelques jours : pour parler de phobie, classiquement, les symptômes doivent persister depuis au moins 6 mois (critère DSM).
Souvent, elles débutent dans l’enfance ou l’adolescence et peuvent persister à l’âge adulte si elles ne sont pas traitées. Notons toutefois que chez l’enfant, des peurs intenses mais transitoires (peur du noir, des monstres, etc.) sont courantes et ne sont pas forcément des phobies pathologiques tant qu’elles disparaissent avec l’âge.
En présence de ces signes, un professionnel (médecin, psychologue à Caen) pourra poser le diagnostic de phobie si l’ensemble correspond bien au tableau clinique.
Il vérifiera notamment qu’il ne s’agit pas plutôt d’un autre trouble (par exemple, éviter de sortir peut être le signe d’une agoraphobie phobique, mais aussi d’un trouble panique ou d’une dépression sévère, donc il faut évaluer le contexte).
Cependant, dans la grande majorité des cas, la phobie est évidente pour la personne elle-même : elle sait très bien quel est son objet de peur et peut décrire précisément ce qu’elle ressent.
Si vous retrouvez chez vous ces symptômes (peur intense incontrolable, évitement, panique lors de l’exposition) ciblés sur un objet précis, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’une phobie spécifique.
Pourcentage et chiffres des personnes atteintes de phobies

Les phobies sont fréquentes au sein de la population. En France, comme ailleurs, elles représentent l’un des troubles psychiques les plus courants.
Il est cependant difficile d’avoir un chiffre exact, car cela dépend des études et de la définition (phobie spécifique seule, ensemble des troubles phobiques y compris agoraphobie et phobie sociale, etc.).
Voici quelques repères chiffrés issus de données françaises ou internationales applicables à la France :
- On estime qu’environ 10 % des personnes souffriront d’une phobie au cours de leur vie.
Certaines études donnent même une fourchette entre 5 % et 25 % de la population générale touchée par une ou plusieurs phobies, selon la sévérité et les critères utilisés. En tout état de cause, au moins une personne sur dix est concernée, ce qui en fait un trouble très commun.
- Les phobies spécifiques (ou phobies simples) sont les plus répandues. Leur prévalence sur la vie entière est souvent citée autour de 10 à 12 % de la population.
Autrement dit, environ une personne sur dix développera une phobie spécifique à un moment de son existence (peur des hauteurs, des animaux, etc.). Ces phobies débutent fréquemment dès l’enfance ou l’adolescence.
- La phobie sociale toucherait environ 2 à 5 % des gens dans leur forme avérée.
Des études épidémiologiques évoquent 3 % de formes sévères et jusqu’à 10 % de formes plus légères ou partielles sur la population générale.
Le trouble d’anxiété sociale débute le plus souvent à la fin de l’adolescence ou chez le jeune adulte. Fait notable, c’est l’une des rares phobies où les hommes ne sont pas moins touchés que les femmes (elle touche les deux sexes à égalité, alors que la plupart des autres phobies sont plus fréquentes chez les femmes).
Cependant, cela est à nuancé, les femmes, sociétalement étant plus enclines à exprimer ce genre de trouble.
- Les phobies sont souvent plus fréquentes chez les femmes. En population générale, on retrouve un ratio d’environ 2 femmes pour 1 homme pour de nombreuses phobies spécifiques.
Les raisons peuvent être biologiques (les femmes ayant une prévalence un peu plus élevée des troubles anxieux en général) mais aussi culturelles (les hommes, socialement, exprimant peut-être moins leurs phobies ou cherchant d’autres échappatoires).
La phobie sociale fait exception comme dit plus haut, avec autant d’hommes que de femmes atteints.
- À l’âge enfantin, des phobies transitoires sont très courantes (peur du noir, des monstres, des animaux).
On considère qu’à un moment ou un autre, jusqu’à 50 % des enfants de 7 à 12 ans manifestent des peurs intenses typiques des phobies spécifiques, mais la plupart s’atténuent naturellement.
Si une peur d’enfance persiste de manière intense au-delà de l’adolescence, elle a plus de chance de devenir une phobie persistante à l’âge adulte.
- Selon l’INSERM, 21 % des adultes connaîtront un trouble anxieux au cours de leur vie, phobies incluses, les femmes étant jusqu’à deux fois plus affectées.
Les phobies représentent la forme la plus fréquente de troubles anxieux dans la population.
- En France, en se basant sur ~65 millions d’habitants, on peut estimer que plus de 6 millions de personnes ont ou auront une phobie spécifique.
Parmi elles, beaucoup ne consultent jamais car elles arrivent à composer avec (par exemple, vivre toute sa vie avec la phobie des serpents sans jamais voir de serpent n’amène pas forcément à chercher de l’aide).
Seule une fraction des phobies entraînant une souffrance marquée font l’objet d’une demande de soin.
- Concernant l’évolution, on observe que certaines phobies spécifiques de l’enfant disparaissent avec l’adolescence (c’est le cas de nombreuses peurs “normales” comme la peur du noir).
Néanmoins, une phobie spécifique apparue à l’âge adulte a peu de chance de régresser spontanément sans intervention.
Au contraire, elle peut persister de façon chronique sur de longues années.
En résumé, les phobies touchent une proportion notable de la population – probablement autour de 10 % en moyenne – ce qui signifie qu’elles ne sont pas du tout rares.
Si vous souffrez vous-même de phobie, vous êtes loin d’être un cas isolé. Il s’agit d’un trouble anxieux répandu et bien documenté.
Cette fréquence élevée ne doit pas banaliser la souffrance individuelle pour autant : beaucoup de phobiques souffrent en silence, parfois sans oser en parler, d’où l’importance de mieux faire connaître ce trouble pour encourager la prise en charge.
Conséquences et développement

Vivre avec une phobie peut avoir des conséquences importantes sur de nombreux aspects de la vie, d’autant plus si la phobie n’est pas prise en charge.
L’évolution d’une phobie dans le temps dépend de plusieurs facteurs (le type de phobie, son intensité, les mécanismes de défense de la personne, etc.), mais on observe souvent certains schémas communs de développement et de ramifications anxieuses.
Conséquences sur la vie sociale et professionnelle
Une phobie non traitée peut progressivement restreindre le périmètre de vie de la personne.
Au début, elle peut ne toucher qu’un aspect limité (par exemple la phobie des avions n’impacte le quotidien que si l’on doit voyager en avion). Mais si la phobie est plus envahissante (agoraphobie, phobie sociale, claustrophobie dans de nombreux lieux), elle va limiter de plus en plus d’activités.
Par exemple, un agoraphobe évitera d’abord les transports en commun, puis peut-être les centres commerciaux, puis les sorties seul, etc., jusqu’à parfois cesser de sortir de chez lui sauf en cas d’absolue nécessité.
De même, une phobie sociale sévère peut empêcher la personne de passer des entretiens d’embauche, de nouer des relations amicales ou amoureuses, ou même de poursuivre des études si elle implique des exposés oraux. L’isolement guette alors le phobique, ce qui peut l’entraîner dans un cercle vicieux (plus il s’isole, plus le regard des autres lui fait peur lorsqu’il y est exposé).
Professionnellement, certaines phobies peuvent freiner ou bloquer des carrières : ne pas pouvoir prendre l’ascenseur dans un immeuble de bureaux, ou refuser les promotions impliquant de parler en public, etc.
À l’extrême, la phobie peut conduire la personne à éviter des opportunités de vie importantes (refus d’un voyage d’agrément ou d’un poste à l’étranger à cause de la peur de l’avion, par exemple).
Retentissement psychologique
À long terme, la phobie peut affaiblir le moral et l’estime de soi. Le sujet se rend compte de l’irrationalité de sa peur, ce qui peut provoquer un sentiment de honte ou de culpabilité (“Pourquoi suis-je incapable de faire ce que tout le monde fait ? Je suis ridicule d’avoir peur de ça…”).
Ce jugement sévère sur soi peut évoluer vers un état dépressif dans les cas où la phobie est très handicapante. D’ailleurs, on constate qu’une phobie sociale non traitée s’accompagne d’un état dépressif chez environ 60 % des personnes au fil du temps.
De même, l’agoraphobie chronique mène fréquemment à un état dépressif ou à l’abus d’alcool ou de tranquillisants comme “auto-traitement” de l’anxiété.
Le phobique, épuisé de lutter contre sa peur, peut chercher refuge dans des substances (alcool, sédatifs) pour atténuer son angoisse, hélas au prix d’autres problèmes (dépendance).
Tendance à l’aggravation sans traitement
De nombreuses phobies ont tendance à se pérenniser et parfois s’amplifier avec le temps si rien n’est fait.
Les phobies spécifiques simples apparues dans l’enfance peuvent certes disparaître après l’adolescence dans environ la moitié des cas– par exemple, beaucoup de peurs enfantines (clowns, créatures imaginaires) s’estompent naturellement.
Mais lorsqu’une phobie se maintient à l’âge adulte, elle est souvent stable ou aggravée. Une phobie apparue à l’âge adulte a peu de chances de s’en aller spontanément.
Souvent, la personne élabore des stratagèmes d’évitement de plus en plus complexes au fil du temps pour composer avec sa phobie plutôt que de la confronter.
Par exemple, quelqu’un qui a peur de conduire prendra un emploi accessible en transport en commun, puis s’arrangera pour faire ses courses en livraison, etc. Cela réduit l’impact apparent mais la phobie reste bien là, intacte, et même renforcée par ces accommodations.
Pour les phobies complexes, l’évolution naturelle est souvent défavorable : l’agoraphobie tend à s’aggraver progressivement si elle n’est pas prise en charge, la personne sortant de moins en moins, pouvant finir en “enfermement” à domicile.
Quant à la phobie sociale, sans traitement, les manifestations s’accentuent avec le temps et le sujet risque de s’isoler de plus en plus, ratant des étapes de vie (pas de vie sociale, difficultés au travail).
Extension à d’autres peurs
Une phobie peut aussi se ramifier en d’autres peurs connexes.
Par exemple, une personne phobique des grands espaces (agoraphobie) peut commencer à développer aussi la peur des transports (car prendre le métro signifie être loin d’un lieu sûr), ou la peur de rester seule (peur de faire un malaise sans personne).
De même, quelqu’un qui a une phobie de l’avion et qui la fuit constamment peut développer une anxiété généralisée à l’idée des voyages en général.
En fait, en focalisant toute l’anxiété sur un objet, la phobie soulage d’une certaine façon l’anxiété diffuse, mais si l’anxiété de fond augmente, la phobie peut s’étendre à d’autres cibles. Une notion phobique se ramifie et se complexifie toujours au fil du temps, l’anxiété pouvant augmenter et des comportements de compensation apparaître pour contrer la peur.
Ce phénomène d’enchainement fait qu’on peut passer d’une simple phobie à un véritable enfermement anxieux.
Par exemple, initialement seule la vue du sang posait problème, puis la personne commence à éviter aussi les médecins et hôpitaux (de peur qu’on y fasse une prise de sang), puis elle craint même d’entendre parler d’accident ou de maladie. La phobie s’est élargie à tout ce qui est associé au sang.
Impact physiologique du stress phobique
À chaque confrontation, la phobie provoque des bouleversements physiologiques (le corps subit à répétition des poussées d’adrénaline, de la tachycardie, etc.).
À long terme, ce stress récurrent peut contribuer à de la fatigue, des troubles du sommeil, voire de l’hypertension ou autres troubles liés au stress si les crises sont fréquentes.
La qualité de vie globale s’en ressent : vivre dans la crainte permanente d’une crise d’angoisse, ce n’est pas anodin. Certaines personnes phobiques décrivent un état d’inquiétude permanente en tâche de fond, même en dehors des situations à risque, comme une sorte de tension nerveuse constante.
Cela peut s’apparenter à un trouble anxieux généralisé secondaire à la phobie. D’ailleurs, il est fréquent que les phobies coexistent avec un trouble anxieux généralisé (TAG), Il est rare de retrouver des notions phobiques initiales sans anxiété généralisée antérieure.
En clair, la phobie s’inscrit souvent dans un terrain d’anxiété plus global, et vivre avec ce trouble signifie souvent avoir de l’anxiété au quotidien en plus des pics phobiques.
Possibilité de chronicisation ou de guérison
Sans intervention, une phobie peut devenir chronique sur des décennies.
Toutefois, il arrive aussi que certaines phobies spécifiques diminuent avec l’âge (on a parfois moins d’opportunités d’exposition, ou on devient plus philosophe). Des cas de disparition spontanée existent, notamment pour des phobies d’enfance qui ne réapparaissent plus à l’âge adulte.
Mais c’est loin d’être la norme pour les phobies établies.
À l’inverse, une prise en charge appropriée (thérapie comportementale, hypnose, etc.) peut tout à fait guérir une phobie, souvent en quelques mois. Nous aborderons le traitement par hypnothérapie plus loin.
Une phobie traitée avec succès ne signifie pas que la personne n’aura plus jamais peur de rien (la peur reste une émotion normale), mais elle pourra affronter l’objet auparavant phobogène sans panique, donc retrouver une vie normale.
En synthèse, une phobie non prise en charge a tendance à se maintenir et parfois s’aggraver (impactant de plus en plus de domaines, risquant d’engendrer dépression ou addictions), alors qu’une phobie traitée a de bonnes chances de régresser fortement voire de disparaître.
C’est pourquoi il est recommandé de ne pas laisser traîner une phobie qui gêne réellement la vie : plus on agit tôt, plus on évite que la peur ne s’ancre et ne cause des dommages collatéraux (isolement, perte de confiance, etc.).
Ramifications anxieuses et évolution des phobies

Les phobies ne restent pas figées – elles évoluent en interaction avec l’anxiété de la personne et ses mécanismes de défense. On peut distinguer plusieurs phases et manifestations anxieuses au cours de la vie d’une phobie.
Dans l’expression d’une phobie, on retrouve généralement deux modes d’anxiété qui alternent :
- Une anxiété quotidienne de fond, modérée, présente tant que la phobie n’est pas sollicitée.
C’est l’inquiétude latente, l’anticipation anxieuse dont nous parlions.
Par exemple, le phobique social peut ressentir un niveau d’anxiété moyen tous les matins en allant au travail, redoutant d’éventuelles interactions.
Ce fond anxieux peut se confondre avec un trouble anxieux généralisé si la personne est de nature anxieuse.
- Des épisodes anxieux paroxystiques, brefs mais intenses, lorsque la personne se retrouve directement confrontée à l’objet phobique.
Là, c’est la crise aiguë, la terreur submergeante (crise d’angoisse, attaque de panique).
Ces épisodes sont sporadiques, imprévisibles (puisque dépendant des rencontres avec le stimulus).
Ils constituent les pics de la courbe d’anxiété du phobique.
Réaction paroxystique et notion de danger absolu
Lors d’une confrontation phobique, l’emballement anxieux est tel que le cerveau traite le stimulus comme un danger de mort imminente.
Pour le phobique, voir l’objet redouté équivaut à faire face à une menace mortelle – c’est vécu ainsi.
D’un point de vue neurobiologique, le cerveau émotionnel (amygdale) prend le dessus et active une réaction de survie maximale (fuite ou lutte). Il mobilise donc tout l’arsenal anxieux possible.
On atteint un paroxysme qui peut inclure des signes spectaculaires comme la tétanie musculaire ou la spasmophilie (hyperventilation menant à des contractures des mains, etc.).
L’objet phobique est un danger absolu, réel ou supposé, et il met en œuvre le maximum de réactions anxieuses pour vous faire fuir.
C’est pourquoi la personne, même consciente rationnellement que “ce n’est qu’une petite araignée”, ne peut s’empêcher de ressentir une terreur panique – son cerveau a appris que c’était un danger extrême et réagit en conséquence, hors du contrôle volontaire.
Aggravation par ramifications anxieuses
- Une augmentation du champ de peur : la phobie s’étend à des stimuli associés ou secondaires.
Par exemple, un claustrophobe qui au départ ne craint que les ascenseurs peut ensuite ne plus supporter les pièces sans fenêtre, puis éviter le métro, l’avion, etc.
Une notion phobique se ramifie et se complexifie toujours au fil du temps : la peur initiale peut en engendrer d’autres, toutes liées par le même fil (celui de l’enfermement dans cet exemple).
- Le développement de comportements de compensation ou de “rituels” sécurisants.
Notamment la notion de "totem" : il s’agit d’un objet, d’une personne ou d’une action qui apporte un apaisement au phobique lorsqu’il affronte sa peur.
Par exemple, un enfant phobique du noir ne dormira qu’avec son doudou et une veilleuse (objets-totems rassurants).
Un adulte agoraphobe n’ira faire ses courses qu’avec un proche de confiance (personne-totem) ou en emportant toujours un téléphone chargé et des anxiolytiques “au cas où”.
Ces éléments rassurants permettent de réduire un peu l’anxiété, mais la personne devient dépendante de ces béquilles pour fonctionner.
- Une hypervigilance accrue : plus la phobie dure, plus la personne connaît parfaitement les situations à risque et redouble d’attention pour les éviter.
Elle peut développer de véritables obsessions de contrôle : vérifier dix fois son trajet pour être sûr de ne pas passer par un pont, consulter la météo anxieusement pour voir s’il va y avoir de l’orage, etc.
Cette sur-analyse de l’environnement fait partie des ramifications anxieuses courantes.
Le phobique devient expert en anticipation (par exemple, une personne qui craint de vomir analysera sans cesse si elle a mal au ventre, si la nourriture est fraîche, si quelqu’un autour d’elle a une gastro, etc., ce qui la fait beaucoup ruminer).
- Intrusions anxieuses généralisées : Parfois, la persistance de la phobie favorise d’autres troubles anxieux en parallèle.
Par exemple, un phobique social très isolé pourrait développer des idées obsessionnelles ou un TOC (comme moyen de contrôler son anxiété), ou un phobique traumatisé par une expérience peut développer un état de stress post-traumatique.
On parle de comorbidités anxieuses.
D'autres troubles anxieux peuvent également se greffer sur une phobie sociale non traitée (ex. dépendance à l’alcool dans 20 % des cas). Il n’est pas rare qu’un même individu cumule plusieurs troubles anxieux : phobie + trouble panique, ou phobie + TAG, etc., formant un tableau complexe.
- Mécanismes de défense massifs : Dans des cas de peur extrême, le psychisme peut activer des mécanismes de défense majeurs comme la dissociation ou l’apathie émotionnelle (voir section suivante), qui sont des réactions psychiques visant à protéger l’esprit de l’effroi en le coupant de la réalité ou des émotions.
Par exemple, une personne qui a une phobie de se noyer et qui tombe accidentellement dans l’eau peut vivre l’événement “comme en dehors de son corps”, c’est une dissociation protectrice face au traumatisme.
Ces réponses extrêmes sont rares et surviennent surtout lors d’événements traumatiques liés à la phobie (accident réel, etc.), mais elles démontrent comment l’anxiété phobique peut pousser l’esprit dans ses retranchements de survie.
Développement suite à un traumatisme psychologique versus évolution progressive
On peut distinguer deux modes de développement initial des phobies :
Un développement graduel et chronique
La phobie s’installe petit à petit (souvent durant l’enfance) et s’aggrave sur un mode lent.
Ce schéma est fréquent pour la phobie sociale ou certaines phobies spécifiques d’apprentissage.
Un développement aigu et paroxystique
La phobie apparaît brutalement suite à un événement traumatisant.
Par exemple, quelqu’un qui subit un accident d’ascenseur développe du jour au lendemain une phobie des ascenseurs, très intense immédiatement.
On parle alors de développement traumatique, paroxystique : la phobie surgit d’emblée avec une intensité maximale après un choc, pouvant même déboucher sur un syndrome de stress post-traumatique dans les cas graves.
Ce type de phobie peut être plus difficile à traiter car lié à un traumatisme (il faut alors traiter le traumatisme en plus de la phobie).
Dans les cas de traumatismes psychologiques, la phobie peut faire partie d’un ensemble de réactions anxieuses violentes : on voit souvent les victimes d’agression développer à la fois une phobie (par exemple des lieux de l’agression), une hypervigilance, des cauchemars, etc.
Ce sont des réactions anxieuses paroxystiques persistantes qui peuvent nécessiter un accompagnement spécifique
Enfermement anxieux
Lorsque la phobie prend beaucoup de place, on assiste souvent à un enfermement anxieux : tout tourne autour de la phobie, la vie quotidienne est organisée par rapport à elle.
La personne finit par orienter ses choix, ses déplacements, ses relations en fonction de ce qui est “sûr” vis-à-vis de sa peur. C’est comme vivre dans une prison invisible dont les barreaux sont la peur elle-même.
Par exemple, un agoraphobe sévère peut vivre reclus chez lui (sa “zone de sécurité”) et ne plus pouvoir s’en éloigner – sa vie sociale et professionnelle se retrouvent quasiment annulées.
Cet enfermement anxieux peut être considéré comme l’évolution ultime et la plus délétère d’une phobie non traitée.
Heureusement, avec de l’aide, il est possible de renverser l’évolution.
Même après des années de phobie, des traitements appropriés peuvent progressivement réduire les évitements, casser les ramifications anxieuses (en montrant au cerveau que le danger perçu n’est pas réel) et permettre de retrouver une liberté de vie.
L’étape clé est souvent de stopper la spirale de l’évitement pour éviter que la phobie ne continue à se renforcer et à s’étendre. C’est là qu’interviennent notamment les thérapies comportementales et l’hypnose, que nous verrons dans la partie traitement.
Notion paroxystique

Le terme de « notion paroxystique » est employé pour décrire les manifestations d’angoisse aiguës qui atteignent un paroxysme (un pic maximal) en un temps très bref.
Autrement dit, c’est la crise d’angoisse fulgurante qui accompagne bien souvent la phobie lors d’une confrontation soudaine au stimulus redouté.
Comprendre cette notion paroxystique permet de saisir l’intensité extrême de la réaction phobique et ses particularités.
Qu’est-ce qu’une réaction paroxystique ?
C’est une montée d’angoisse brutale et violente, qui culmine rapidement.
Dans le contexte des phobies, on parle de montée paroxystique des symptômes anxieux lorsque, en l’espace de quelques secondes ou minutes, la personne passe d’un état stable à un état de panique absolue.
Par exemple, quelqu’un tranquillement en train de marcher qui aperçoit l’objet phobique (un serpent, un pont à traverser…) va soudain ressentir une bouffée de terreur intense : son cœur s’emballe, il peut être submergé par la panique, parfois jusqu’à la crise (impression de mort imminente, besoin de fuir immédiatement).
On atteint alors le paroxysme anxieux, c’est-à-dire le point culminant de la peur, où tous les symptômes sont à leur maximum.
Dans ce moment paroxystique, la personne peut expérimenter divers phénomènes :
- Une attaque de panique complète, avec tous les symptômes physiques et cognitifs mentionnés plus haut (palpitations, sueurs, peur de mourir ou de devenir fou sur le moment).
L’attaque de panique est par définition paroxystique : l'attaque de panique consiste en la survenue brutale d'une peur intense, d'un sentiment de mort ou de catastrophe imminente, de perte de contrôle de soi.
Cette peur apparaît sans raison vitale objective, mais pour la personne en crise, la sensation de danger est bien réelle.
Dans le cadre des phobies, ces attaques surviennent typiquement en réaction au stimulus (ce qui les différencie des attaques spontanées du trouble panique).
Elles durent généralement quelques minutes, avec un pic à 5-10 minutes puis une décroissance en moins d’une demi-heure.
- Une possible sidération : face à la peur intense, certains individus “se figent” complètement, incapables de bouger ou crier (réaction de freeze).
C’est aussi paroxystique dans le sens où tous les muscles se tétanisent sous l’effet de l’adrénaline. Pouvant aller jusqu'à la tétanie ou la spasmophilie.
La tétanie est cette contraction involontaire des muscles due à l’hyperventilation (doigts crispés, etc.), signe d’une réaction physiologique extrême.
- Des pensées catastrophiques incontrôlables : durant le pic de panique, l’esprit est envahi de pensées de mort, de catastrophe imminente (“Je vais y passer”, “Je ne vais pas m’en sortir”).
C’est quasi inévitable dans une attaque paroxystique, et cela alimente la peur (peur de mourir qui accentue la panique, etc.).
- Une perte de contrôle perçue : le sujet se sent totalement dépassé par les événements, comme déconnecté de la réalité tant la peur prend le dessus.
Il peut y avoir une sensation de déréalisation (impression que ce qui se passe n’est pas réel) ou de dépersonnalisation (impression d’être étranger à soi-même), qui sont en fait des petits phénomènes dissociatifs provoqués par l’extrême anxiété.
- Une fuite désespérée ou un cri : chez d’autres, la réaction paroxystique se manifeste par un réflexe de fuite quasi incontrôlé (partir en courant brusquement, parfois en se mettant en danger) ou un hurlement, etc.
C’est la décharge soudaine de l’angoisse.
Dans ces moments, le cerveau phobique traite l’objet comme un danger absolu et mobilise tout pour vous en extraire.
Ce caractère paroxystique est ce qui fait que les phobies ne sont pas de simples grandes peurs : ce sont de véritables crises de terreur pouvant mimer des attaques de panique ou des états de choc.
Il est important de noter que toutes les phobies n’entraînent pas systématiquement des crises de panique.
Certaines personnes phobiques, par exemple, évitent tellement bien leur objet de peur qu’elles n’ont que rarement des confrontations et donc peu de crises.
D’autres gardent une certaine maîtrise en présence du stimulus, ressentant une forte anxiété sans basculer dans la panique totale. Le degré paroxystique dépend de la sévérité de la phobie et de la sensibilité individuelle.
Mais la potentialité paroxystique est toujours là : on considère qu’une phobie est une forme de peur à expression paroxystique (par opposition au TAG où l’anxiété est plus diffuse et chronique). D’ailleurs, le critère de “réaction anxieuse quasi invariable et intense à l’exposition” figure dans le diagnostic.
Comprendre la notion paroxystique a aussi un intérêt pour le traitement on sait que lors d’une exposition thérapeutique graduelle (en thérapie comportementale ou en hypnose), il faut gérer et atténuer ces poussées paroxystiques pour que la personne puisse rester confrontée suffisamment longtemps et apprendre à surmonter sa peur.
Des techniques de respiration, de relaxation, ou l’induction hypnotique, permettent de réduire l’intensité de la réaction paroxystique au fur et à mesure des expositions.
En résumé, la notion paroxystique renvoie à la crise aiguë de panique qui constitue l’expression la plus forte de la phobie.
C’est le moment où la peur atteint son paroxysme, avec l’angoisse culminante et hors de contrôle. Cette notion illustre la dimension parfois spectaculaire et extrêmement pénible des phobies (le fait que la personne puisse littéralement “perdre ses moyens” en quelques secondes).
Heureusement, ces paroxysmes sont brefs et sans danger physique en eux-mêmes (même si on a l’impression de mourir, une crise de panique n’est pas mortelle). Le vrai danger provient plutôt du comportement (fuite imprudente, etc.) ou de la détresse psychique.
Mécanismes de défense

Lorsque l’on est confronté à une peur aussi invalidante, notre psychisme met en place divers mécanismes de défense pour tenter de nous protéger de l’angoisse.
Ces mécanismes de défense sont des stratégies psychologiques (souvent inconscientes) qui visent à réduire l’anxiété ressentie, en modifiant la perception de la réalité ou en évitant ce qui fait trop souffrir.
Ils sont très présents dans les troubles anxieux, y compris les phobies, et peuvent paradoxalement contribuer à maintenir le trouble s’ils deviennent rigides.
Ces mécanismes sont importants dans l’enfermement anxieux, on distingue les mécanismes “courants” des mécanismes “majeurs”.
Mécanismes de défense « courants »
Ce sont les réactions de défense que l’on retrouve dans quasiment toutes les phobies et troubles anxieux, à un degré ou un autre. Ils peuvent être conscients ou inconscients, et apparaissent assez tôt dans l’évolution de la phobie.
Le déni
Il s’agit du mécanisme par lequel l’esprit refuse d’admettre une réalité angoissante.
Dans le contexte d’une phobie, le déni peut se manifester au tout début, quand la personne commence à avoir des symptômes : elle minimise ou nie l’existence de sa peur.
Par exemple, quelqu’un qui a eu une attaque de panique en voiture va d’abord se dire “Non, ce n’est rien, ce n’est pas une phobie, ça va passer”.
Le déni est souvent le premier mécanisme de défense à se mettre en place. Il a une fonction protectrice, temporaire : il permet de ne pas être submergé d’emblée par l’idée qu’on a un problème.
Dans des situations très traumatiques, le déni peut aller jusqu’à une absence totale de reconnaissance du danger (“rien ne se passe, tout va bien”), comme un tampon émotionnel.
Mais généralement, dans la phobie, le déni s’estompe assez vite face à l’évidence des symptômes. Par exemple, après quelques crises, la personne ne peut plus nier qu’elle a un réel problème de phobie, surtout si cela perturbe sa vie.
Toutefois, le déni peut revenir par moments : “Je pourrais très bien m’en sortir tout seul, ce n’est pas si grave”, alors que la phobie est toujours là.
S’il persiste, le déni peut devenir problématique car il empêche de chercher de l’aide. Mais dans la plupart des cas, il est transitoire. En général le déni s’estompe rapidement, laissant place à l’appréhension de la réalité.
Le déni, quand il dure, peut conduire la personne à s’isoler dans une fausse réalité (prétendre que tout va bien alors que tout s’écroule autour). C’est un mécanisme que l’on voit par exemple dans les troubles de stress post-traumatique (refus d’accepter le trauma).
Dans la phobie, un déni prolongé est plus rare, car la peur revient tôt ou tard rappeler sa présence.
L’évitement
Nous en avons déjà beaucoup parlé car c’est quasiment le synonyme comportemental d’une phobie.
L’évitement est un mécanisme de défense consistant à contourner systématiquement les situations génératrices d’angoisse. C’est la stratégie reine dans les phobies : fuir plutôt que d’affronter.
L’évitement peut être très subtile et très élaboré.
Par exemple, un phobique social inventera sans cesse des excuses pour ne pas aller aux soirées (besoin de travailler, fatigue…), un phobique des chiens choisira méticuleusement des itinéraires improbables pour ne pas passer devant la maison où aboie un chien, etc.
L’évitement offre un soulagement immédiat (on n’a pas eu peur puisque on n’a pas fait face), mais il nourrit la phobie en renforçant l’idée que la situation était dangereuse (puisque “heureusement qu’on l’a évitée”).
De plus, plus l’évitement s’installe, plus la vie du phobique se rétrécit – il s’enferme dans une routine contraignante. On distingue alors un enfermement de la personne dans une routine sévère à cause de l’évitement.
Ce mécanisme est presque toujours présent dans les troubles anxieux, mais dans la phobie il est central.
À noter qu’il existe des formes d’évitement plus cognitives : par exemple, éviter de penser à quelque chose (refouler l’idée anxiogène), éviter de ressentir certaines émotions (se couper de ses émotions par anticipation de l’angoisse).
Ces formes-là rejoignent d’autres mécanismes comme le refoulement ou l’apathie émotionnelle qu’on verra plus loin.
Globalement, combattre l’évitement est souvent au cœur du traitement de la phobie, car tant que l’évitement domine, la phobie reste intouchée.
Le contrôle
Ce mécanisme de défense consiste à tenter de garder la maîtrise totale sur soi-même et sur son environnement pour prévenir l’angoisse.
Le contrôle est très présent chez les personnes anxieuses, et en particulier dans certaines phobies.
Par exemple, un individu phobique de vomir va s’imposer un contrôle strict de son alimentation, de son hygiène, etc., pour minimiser tout risque (contrôle de l’environnement). Quelqu’un qui a peur de paniquer en public va contrôler sa respiration, ses gestes, répéter mentalement ce qu’il va dire (contrôle de soi).
Le contrôle est quasi omniprésent dans toutes les problématiques anxieuses .
C’est un mécanisme souvent insidieux car il peut sembler positif (être prévoyant, organisé) alors qu’en réalité il sert à camoufler la peur. Le contrôle peut devenir excessif et épuisant – on parle parfois de perfectionnisme ou de sur-contrôle.
Ce mécanisme apparaît souvent dès l’adolescence chez les anxieux, quand ils commencent à sentir leurs émotions leur échapper.
Par exemple, un ado qui se met à beaucoup planifier, à vouloir tout prévoir, c’est parfois pour juguler une anxiété naissante.
Le contrôle a un effet paradoxal : il vise à enfermer l’anxiété, à la “museler”, et ça peut marcher un temps (on se rassure en contrôlant). Mais plus l’anxiété est présente, plus le besoin de contrôle augmente, et ainsi de suite.
On entre dans une escalade : plus la phobie s’intensifie, plus la personne va contrôler tout et se restreindre.
Le contrôle peut aussi porter sur les autres : par exemple, un parent phobique pour la sécurité de ses enfants va vouloir tout contrôler de leur vie (lieux où ils vont, personnes qu’ils fréquentent) afin de calmer sa propre angoisse.
C’est un mécanisme de défense car il évite à la personne d’affronter l’incertitude ou ses émotions pénibles (elle remplace l’angoisse par un surcroît d’organisation et d’hypervigilance).
Ce mécanisme est considéré comme courant plutôt que majeur, car la plupart d’entre nous y avons recours à petite dose (qui n’essaie pas de contrôler une situation stressante ?).
Ce qui le rend pathologique, c’est son intensité et sa rigidité dans le contexte phobique.
La rationalisation
C’est le fait de trouver des justifications logiques à ses peurs ou ses comportements pour les rendre acceptables.
Un phobique pourrait par exemple dire : “Je n’ai pas peur des ascenseurs, c’est juste que ce n’est pas fiable ces machins-là, on peut rester bloqué, donc je préfère prendre les escaliers.”
Il donne une raison rationnelle (le risque de panne) pour couvrir sa réelle phobie (l’angoisse irrationnelle des espaces clos). La rationalisation permet de sauvegarder l’estime de soi en se disant que notre comportement est logique et non pas dicté par la peur.
Beaucoup de phobiques sont d’ailleurs très doués pour rationaliser leur évitement : ils convaincront les autres (et eux-mêmes jusqu’à un certain point) qu’ils choisissent telle option pour une bonne raison pratique, pas à cause de leur peur.
Cela peut tromper l’entourage un temps (par exemple, ne pas prendre l’avion “par conscience écologique” alors qu’en réalité on en est terrorisé – pourquoi pas les deux à la fois d’ailleurs).
La rationalisation est un mécanisme de défense classique face à l’angoisse ou la honte.
Tant qu’elle n’empêche pas la personne de reconnaître la phobie et de la traiter, ce n’est pas trop problématique.
Mais si elle est excessive, elle confine au déni raisonné : la personne ne progresse pas car elle ne s’avoue pas la vraie nature de son trouble.
L’humour et la dérision
On peut citer aussi l’humour comme mécanisme de défense.
Certaines personnes vont tourner leur phobie en ridicule, en plaisanter constamment, ce qui en réduit la charge anxieuse sur le moment.
Dire en riant “Ah ah moi je suis allergique aux clowns, s’il y en a un qui s’approche je fais un malaise direct !” est une façon de dédramatiser une peur très réelle.
L’humour met à distance l’angoisse. C’est un mécanisme de défense considéré comme mature (positif) par la psychologie, tant qu’il ne sert pas à tout camoufler.
La projection de la faute
Parfois, le phobique peut inconsciemment rejeter la responsabilité de son malaise sur l’extérieur, pour éviter de se sentir atteint lui-même.
Par exemple, dire “Les gens sont vraiment trop oppressants, c’est normal que je ne supporte pas la foule” revient à projeter la cause sur “les gens” plutôt que d’admettre sa propre phobie.
Ce n’est pas très fréquent dans les phobies (les phobiques ont plutôt tendance à s’en vouloir à eux-mêmes), mais cela peut arriver chez certains.
L’évitement cognitif (refoulement)
Évoquons aussi le refoulement, qui est un mécanisme par lequel on chasse de la conscience les pensées anxiogènes.
Quelqu’un peut complètement oublier un incident traumatique qui a initié sa phobie (refoulement du souvenir) ou s’interdire de penser à l’objet phobique.
Ce refoulement est une sorte d’évitement intérieur : on évite non pas la situation, mais la pensée de la situation. Cela fonctionne mal avec les phobies car l’objet revient tôt ou tard dans la réalité.
Mais entre deux, le phobique peut éviter d’y penser (jusqu’à ce que quelque chose le lui rappelle subitement, déclenchant alors potentiellement une réaction par surprise).
Ces mécanismes courants opèrent souvent en combinaison. Par exemple, prenons une personne avec une phobie sociale :
- Au début, elle est dans le déni (“je suis juste introverti, pas phobique, ça va aller”).
- Puis elle évite les soirées et réunions.
- Elle rationalise en disant qu’elle a trop de travail pour sortir (justification).
- Elle adopte un contrôle strict lors des rares interactions (elle prépare à l’avance ses phrases, se contrôle en public).
- Si elle a un accroc (elle rougit à un dîner), elle en plaisante le lendemain (humour pour masquer sa gêne).
On le voit, ces défenses s’entremêlent pour tenter de diminuer l’angoisse et protéger l’ego.
Hélas, elles n’éliminent pas la phobie – elles la rendent simplement un peu plus vivable au prix d’une perte de spontanéité et de liberté.
Mécanismes de défense « majeurs »
Face à une anxiété très intense, voire traumatique, l’esprit humain dispose aussi de mécanismes de défense plus puissants, plus radicaux, qu’on peut qualifier de majeurs.
On identifie notamment deux mécanismes majeurs dans les troubles anxieux sévères : la dissociation et l’apathie émotionnelle.
Ces mécanismes sont dits majeurs car ils constituent des formes extrêmes de défense, qui ne se déclenchent que dans des cas d’angoisse extrême, et qui ont des effets massifs sur le vécu de la personne.
La dissociation
C’est un mécanisme par lequel l’esprit opère une séparation (dissociation) de certains éléments de l’expérience afin de se protéger.
En termes simples, la dissociation face à la peur peut donner l’impression à la personne de “sortir de la réalité immédiate”.
Par exemple, lors d’une crise de panique paroxystique, la personne peut avoir le sentiment de se voir de l’extérieur, comme si la scène arrivait à quelqu’un d’autre (dissociation dite de dépersonnalisation). Ou elle peut ressentir la situation comme irréelle, comme dans un rêve, avec une sorte de détachement (déréalisation).
La dissociation est un mécanisme de défense inconscient et automatique qui survient souvent lors de traumatismes ou peurs extrêmes. Il s’agit en quelque sorte d’un décrochage de la conscience pour ne pas subir pleinement l’impact émotionnel insupportable.
La dissociation se définit comme une « séparation fonctionnelle entre des éléments psychiques habituellement réunis ».
Cela signifie que, par exemple, la conscience se sépare des émotions : la personne assiste à la scène sans ressentir (sur le coup) la peur, un peu comme si son esprit s’envolait ou s’anesthésiait temporairement.
La dissociation n’est pas pathologique en soi – c’est un outil de survie normal du psychisme. On la retrouve dans des contextes variés (accidents, agressions, etc.).
Dans les phobies, elle peut survenir lors d’une confrontation très violente ou d’une attaque de panique trop intense.
Par exemple, quelqu’un pris au piège dans un ascenseur et qui panique peut d’un coup se sentir comme absent de lui-même, ne plus rien ressentir, se dissocier pour tenir le coup. La dissociation a l’avantage de diminuer instantanément la terreur (puisque la personne n’est plus complètement “là” pour la ressentir).
Mais elle a des inconvénients : d’abord, elle peut être perturbante (le sujet se demande ce qu’il lui est arrivé, il se sent étranger à lui-même).
Ensuite, elle ne permet pas de traiter le problème : c’est comme mettre l’angoisse au congélateur. Et si ce mécanisme se déclenche trop souvent, il peut devenir gênant pour le fonctionnement normal (ex : tendance à “décrocher” mentalement dès qu’une émotion forte arrive, même positive).
La dissociation, bien que massive, n’est pas un trouble pathologique en soi– ce n’est pas à confondre avec les troubles dissociatifs chroniques. C’est un garde-fou ponctuel du psychisme.
Dans l’échelle des défenses, c’est l’une des plus extrêmes : elle n’agit ni en collaboration ni en opposition à l’anxiété, elle la bloque purement et simplement comme un circuit disjoncté. On retrouve beaucoup la dissociation dans les traumatismes (victimes se dissociant pendant un viol, par ex.).
Dans les phobies, ça peut survenir si la phobie est liée à un trauma (par ex, phobie de la route après un grave accident – en recroisant une situation similaire, la personne se dissocie).
Cela peut aussi arriver chez des phobiques confrontés malencontreusement de façon trop brutale à leur peur (par ex, un phobique des serpents se retrouvant encerclé de serpents d’un coup pourrait se dissocier tant la peur est ingérable).
L’apathie émotionnelle
Ce terme désigne un état où l’individu coupe ses émotions pour ne plus rien ressentir (ni peur, ni joie, ni tristesse...). C’est une forme de défense majeure qui consiste à se mettre en quelque sorte en sursis émotionnel.
L'apathie émotionnelle se définit comme « l’état d’indifférence à l’émotion, avec une insensibilité partielle ou totale ».
En clair, la personne devient émotionnellement anesthésiée. Ce mécanisme peut se mettre en place quand l’anxiété ou la souffrance dure depuis trop longtemps et que l’esprit, épuisé, “appuie sur off” au niveau émotionnel.
On observe cela chez certains patients ayant vécu de longs traumatismes ou une anxiété chronique sévère : un jour, ils ne ressentent plus rien, comme s’ils étaient devenus insensibles.
C’est un mécanisme de survie : en bloquant toutes les émotions, on ne subit plus la peur, mais on ne ressent plus non plus les émotions positives.
Dans le cadre des phobies, l’apathie émotionnelle pourrait survenir chez quelqu’un qui a été anxieux pendant des années ; pour ne plus souffrir, il “éteint” ses émotions.
Par exemple, un individu phobique socialement, qui a énormément souffert d’anxiété en public peut finir par se blinder au point de ne plus rien éprouver du tout lors des interactions – ni peur, ni plaisir. On parle parfois de “carapace”.
Ce mécanisme est proche de la dépression apathique (quand la personne n’a plus de goût à rien).
On considère l'apathie émotionnelle comme un mécanisme de défense majeur, très puissant, qui bloque partiellement ou totalement les émotions, positives comme négatives.
L’apathie émotionnelle est fréquente dans les traumatismes chroniques (enfance maltraitée, etc.), et peut apparaître dans les troubles anxieux très prolongés, comme une sorte de lassitude extrême de l’organisme vis-à-vis du stress. Ce mécanisme est dangereux dans le sens où la personne devient détachée de tout – c’est parfois un prélude à des conduites à risque car plus rien n’a d’importance.
Heureusement, dans la phobie isolée, on atteint rarement ce niveau (plutôt vu dans des états de stress post-traumatique complexes, ou des dépressions associées).
Ces mécanismes majeurs (dissociation, apathie émotionnelle) sont rares et révélateurs d’une intensité anxieuse très forte. Ce sont les mécanismes les plus massifs (mais non pathologiques) qu’une personne peut déclencher.
Cela veut dire qu’ils font partie des réactions humaines normales, mais poussées à l’extrême.
Ils ne sont pas systématiques dans les phobies – beaucoup de phobiques n’y auront jamais recours si leur phobie reste modérée. En revanche, on les retrouve presque toujours dans des cas de traumatismes phobogènes (ex : phobie apparue lors d’un événement traumatique).
Interaction avec la phobie
Ces défenses majeures n’entretiennent pas directement la phobie (elles la contournent).
Par exemple, une victime d’un accident aérien peut développer une phobie de l’avion et avoir fait de la dissociation pendant le crash – la dissociation l’a aidée sur le moment, mais la phobie reste bien ancrée ensuite.
De même, l’apathie émotionnelle protège de la panique, mais au prix d’une vie émotionnelle éteinte.
Dans le processus thérapeutique, quand une personne présente ces mécanismes, il faut souvent les aborder prudemment.
Par exemple, sortir d’un état apathique pour réapprendre à ressentir ses émotions (y compris la peur, puis la surmonter) fait partie du travail. Ou aider quelqu’un qui se dissocie facilement à rester ancré pendant les expositions, grâce à des techniques de relaxation, etc.
Pour résumer, les mécanismes de défense dans les phobies se déclinent du plus anodin (le petit déni qui nous fait dire “ce n’est pas grave”) jusqu’au plus massif (se couper de la réalité via la dissociation).
Ils ont tous en commun de chercher à réduire l’angoisse ou en éviter la prise de conscience. À court terme, ils peuvent soulager ou masquer le trouble.
Mais à long terme, beaucoup d’entre eux entretiennent la phobie : l’évitement bien sûr, mais aussi le contrôle excessif (qui empêche l’adaptation spontanée), le déni ou la rationalisation (qui retardent la prise en charge), etc.
Dans la thérapie des phobies, une étape importante est souvent de faire tomber ces défenses – en douceur – pour que la peur puisse être confrontée et dépassée.
Par exemple, accepter d’admettre sa phobie (lever le déni), accepter de ressentir la peur (lever le contrôle permanent), etc., fait partie du chemin de guérison.
Impact sur la vie quotidienne

Avoir une phobie peut impacter profondément la vie quotidienne, bien au-delà des moments de confrontation directe avec la peur.
Selon l’intensité de la phobie, cet impact peut aller de gênes minimes à un handicap majeur dans la routine de tous les jours.
Phobies légères
Certaines phobies restent relativement discrètes au quotidien, notamment lorsqu’il s’agit de peurs qui n’interfèrent pas fréquemment avec la vie courante.
Par exemple, une personne vivant en ville avec une phobie des serpents pourra passer des mois sans jamais être confrontée à un serpent. Mis à part éviter le vivarium du zoo ou zapper un documentaire animalier, son quotidien ne sera pas perturbé.
C’est pourquoi beaucoup de phobies spécifiques n’ont que peu de conséquences sur la vie quotidienne tant qu’elles ne sont pas sollicitées. Beaucoup de gens vivent avec de petites phobies (des insectes, de l’orage…) et s’en accommodent en ajustant légèrement leur comportement (ne pas camper en forêt pour un arachnophobe, par exemple).
Dans ces cas, l’entourage n’est parfois même pas au courant de la phobie ou la trouve simplement “anecdotique”. La personne peut plaisanter là-dessus et cela ne l’empêche pas de mener sa vie normalement la plupart du temps.
Phobies envahissantes
En revanche, lorsque la phobie est plus intense ou qu’elle porte sur des situations difficiles à éviter, le retentissement sur la vie quotidienne peut être significatif.
Voici quelques domaines souvent affectés :
- Déplacements et transports : de nombreuses phobies compliquent les déplacements. L’agoraphobie et la peur des transports (avion, voiture, métro) peuvent limiter fortement la mobilité.
Par exemple, un agoraphobe n’osera pas prendre le train pour aller voir des proches en région, ou ne pourra pas conduire sur l’autoroute. Cela restreint son autonomie.
De même, la phobie de l’avion peut empêcher de voyager loin pour les vacances ou le travail – la personne se prive d’opportunités ou doit trouver des alternatives (train, bateau) coûteuses en temps.
Une phobie de conduire (amaxophobie) peut obliger à dépendre des autres ou des transports en commun, dictant les choix de domicile ou d’emploi (on évitera de travailler à un endroit inaccessible sans voiture, par exemple).
- Vie sociale et loisirs : la phobie sociale a évidemment un impact direct sur la vie sociale : invitations déclinées, difficultés à se faire des amis ou à trouver un partenaire (peur des rencontres, des regards).
Même une phobie spécifique peut gêner les loisirs : quelqu’un qui a la phobie de l’eau (aquaphobie) ne profitera pas des sorties à la plage ou en bateau, une phobie des foules pourra gâcher l’envie d’aller à des concerts, etc.
Parfois, la personne continue certaines activités mais avec une angoisse latente qui l’empêche d’en profiter pleinement.
Par exemple, un phobique des hauteurs en visite touristique sur une tour panoramique sera trop crispé pour admirer le paysage. Cela peut créer un sentiment de manque ou d’exclusion (“je ne peux pas faire comme les autres”).
- Vie familiale et affective : si la phobie impose des contraintes (ne jamais prendre l’ascenseur, toujours vérifier ceci ou cela), cela peut aussi impacter la famille proche.
Par exemple, un parent agoraphobe ne pourra pas accompagner ses enfants dans certains endroits, ou un conjoint claustrophobe imposera de prendre les escaliers à toute la famille dans les parkings souterrains, etc.
L’entourage peut s’adapter par amour ou compréhension, mais parfois cela génère des tensions (le conjoint peut mal vivre ces restrictions, ou ne pas comprendre la phobie et faire des reproches).
Dans certains cas, la phobie peut même être un frein à la construction d’une vie de famille : par exemple, une personne phobique des microbes (mysophobie) peut hésiter à avoir des enfants par crainte des maladies, ou une phobie sociale très forte peut empêcher de rencontrer un partenaire.
- Vie professionnelle : selon le métier, la phobie peut poser problème. Quelqu’un qui doit faire des présentations régulièrement aura du mal s’il a une phobie sociale.
Un commercial phobique de prendre l’avion ne pourra pas couvrir certaines zones géographiques. Un enseignant souffrant d’éreutophobie (peur de rougir) ou de glossophobie (peur de parler en public) vivra un calvaire au quotidien, etc.
Parfois, cela conduit les personnes à faire des choix de carrière en fonction de leur phobie – par exemple, refuser une promotion ou changer de poste pour un rôle moins exposé. Cela peut freiner l’évolution professionnelle et être source de regrets.
- Activités quotidiennes courantes : des gestes banals peuvent devenir compliqués.
Par exemple, faire ses courses au supermarché pour un agoraphobe est un défi (foule, file d’attente) – il cherchera des heures creuses ou se fera livrer. Prendre un ascenseur pour monter au bureau est un supplice pour le claustrophobe – il arrivera essoufflé d’avoir pris les escaliers.
Aller chez le médecin pour quelqu’un qui craint les piqûres ou le sang est angoissant – il pourrait reporter des examens importants.
Bref, la phobie peut imposer un stress supplémentaire dans plein de petites actions du quotidien, ou carrément en empêcher certaines.
Retentissement sur la santé mentale
Comme mentionné auparavant, le vécu prolongé d’une phobie peut conduire à d’autres problèmes psychiques :
- Dépression réactionnelle : à force de subir des limitations et de la peur, la personne peut perdre le moral.
Se sentir isolé ou incompris, ou se considérer comme « faible » en raison de sa phobie, peut miner progressivement l’humeur. L’aspect frustrant de ne pas pouvoir faire certaines choses peut aussi rendre triste ou amer.
D’où un risque de développer une dépression, en particulier dans les phobies complexes où la vie se réduit beaucoup.
- Anxiété généralisée : vivre continuellement dans la crainte ou l’hypervigilance (anticiper, planifier autour de la phobie) peut faire boule de neige en une anxiété généralisée.
Par exemple, un phobique qui a peur de vomir peut devenir anxieux sur tout ce qui concerne sa santé en général (il va stresser dès qu’il a le moindre symptôme).
Un agoraphobe peut devenir anxieux même chez lui, redoutant le moment où il devra sortir.
Bref, l’esprit peut s’habituer à fonctionner en mode anxieux en permanence.
- Manque de confiance et repli sur soi : l’expérience de la phobie peut entamer la confiance en soi (“Je suis incapable de faire X”). Ceci peut amener la personne à éviter non seulement la situation phobique, mais même d’autres défis de la vie, par peur de l’échec ou de perdre le contrôle.
Au fil du temps, le retrait peut s’amplifier : on n’ose plus affronter grand-chose, pas seulement ce qui est lié à la phobie. Cela peut vraiment freiner le développement personnel.
- Dépendances : on l’a noté, le recours à l’alcool ou aux anxiolytiques est un piège dans lequel tombent certains phobiques pour supporter leur anxiété. Une personne agoraphobe boira un petit coup avant de sortir pour se donner du courage, un phobique social prendra des benzodiazépines avant une réunion, etc.
À court terme, ça aide, mais à long terme ça crée un autre problème (dépendance et symptômes de sevrage qui peuvent empirer l’anxiété).
C’est une fausse solution qui malheureusement est assez commune chez ceux qui n’ont pas accès à une thérapie efficace.
- Qualité de vie globale : Des études (et l’expérience clinique) montrent que les phobies peuvent altérer sérieusement la qualité de vie lorsque leur impact est important.
On parle de handicap psychique dans les cas sévères – par exemple, une phobie sociale très invalidante peut être reconnue comme un handicap car elle empêche la personne de tenir un rôle social normal (travailler, se lier).
L’entourage peut devoir s’adapter, parfois jusqu’à l’extrême : on voit des conjoints qui font tout à la place de l’autre (les courses, parler en public à sa place, etc.), ce qui n’est pas sain pour l’équilibre relationnel.
Cependant, il faut nuancer : chaque phobie a un impact différent selon son objet et l’environnement de la personne.
Quelqu’un de phobique des serpents vivant en ville en souffrira très peu au quotidien. À l’inverse, quelqu’un de phobique des serpents vivant à la campagne en zone infestée en souffrira énormément chaque fois qu’il sort dans son jardin.
Une phobie sociale légère peut juste faire rougir en réunion mais permettre de fonctionner, alors qu’une phobie sociale grave empêche même d’aller acheter du pain.
Donc, l’impact est proportionnel à la sévérité de la phobie et aux exigences du mode de vie.
Heureusement, de nombreuses personnes phobiques développent aussi des stratégies d’adaptation positives : par exemple, un claustrophobe peut s’arranger pour habiter au 1er étage (pas besoin d’ascenseur) et faire du sport (pour canaliser son stress) – ainsi il minimise l’impact.
Ou un phobique social peut choisir un métier solitaire (informaticien à domicile) où sa phobie gêne peu. Chacun trouve des compromis. Le risque étant que ces compromis virent à l’évitement général, comme on l’a vu.
En conclusion, l’impact sur la vie quotidienne dépend de la nature et de l’intensité de la phobie, mais plus la phobie est envahissante, plus elle peut réduire la liberté d’action, la spontanéité et le bien-être de la personne.
Cela peut toucher la sphère sociale, professionnelle, familiale, et même la santé. Mais il est important de souligner que cet impact négatif n’a pas à être accepté fatalement : avec un traitement adapté, on peut lever progressivement ces obstacles et retrouver une vie normale.
Beaucoup d’anciens phobiques témoignent qu’après avoir surmonté leur peur, ils redécouvrent le plaisir de faire des choses simples qu’ils s’étaient interdites et que leur qualité de vie s’est nettement améliorée.
La phobie n’est donc pas une fatalité qu’il faudrait subir toute sa vie – il est possible d’agir pour qu’elle ne dicte plus le quotidien.
Travail en hypnothérapie sur les phobies

Lorsqu’une phobie devient gênante, il est fortement recommandé de se tourner vers une prise en charge thérapeutique.
Différentes approches existent (thérapie cognitivo-comportementale, thérapie d’exposition, médicaments anxiolytiques ponctuels, EMDR pour les phobies post-traumatiques, etc.), mais l’une des approches de plus en plus reconnues pour son efficacité est l’hypnothérapie.
Ici, nous nous concentrerons sur ce travail par hypnose.
Principe de l’hypnothérapie
L’hypnothérapie consiste à utiliser l’hypnose à des fins thérapeutiques.
L’hypnose est un état modifié de conscience, entre l’éveil et le sommeil, dans lequel la personne est profondément détendue et focalisée.
Contrairement aux idées reçues, la personne hypnotisée ne dort pas et garde son libre arbitre, mais son attention est dirigée vers son monde intérieur, ce qui la rend plus réceptive aux suggestions et au travail sur ses émotions.
En thérapie, le praticien (hypnothérapeute) guide le patient dans cet état de relaxation profonde puis lui suggère des visualisations, des pensées ou des ressentis visant à modifier sa perception du stimulus phobique.
On peut ainsi “reprogrammer” les associations que le cerveau a faites.
Pourquoi l’hypnose est pertinente pour les phobies
Les phobies étant basées sur des réactions émotionnelles automatiques et souvent irrationnelles, travailler au niveau de l’inconscient est particulièrement indiqué.
L’hypnose permet d’atteindre ce niveau inconscient sans les barrières rationnelles qui peuvent bloquer en état normal (comme le fameux “je sais que c’est idiot d’avoir peur mais je n’y peux rien”).
Sous hypnose, on peut accéder à la source de la peur et la désamorcer progressivement. Par ailleurs, l’hypnose induit un état de calme physique et mental opposé à l’état de panique.
Cela permet au patient d’expérimenter des situations imaginaires autrefois angoissantes tout en restant calme, ce qui réhabitue le cerveau à ne plus associer systématiquement le stimulus à la panique.
En quelque sorte, l’hypnose offre une forme d’exposition en imagination, sécurisée, où la personne peut affronter ses peurs dans son esprit mais avec un sentiment de contrôle et de sérénité.
Des spécialistes soulignent que les troubles phobiques couplent un stress mental et un stress physique, et que l’hypnose est pertinente car elle agit sur ces deux plans en même temps.
En hypnose, on travaille par exemple sur les sensations corporelles liées à la peur (palpitations, souffle court) en apprenant au patient à les moduler par la suggestion, et sur les images mentales de peur en les remplaçant par d’autres images plus rassurantes.
L’hypnose permet de reprendre une certaine maitrise sur le mental en passant par le corps, ce qui convient bien aux phobies où l’on “perd le contrôle” justement lors de la réaction phobique.
Efficacité de l’hypnothérapie pour les phobies – ce que disent les études
De nombreuses études et observations cliniques indiquent que l’hypnose est un outil efficace pour la gestion des phobies.
Par exemple, une revue de la littérature scientifique (Vanhaudenhuyse & Faymonville, 2015) conclut que « toutes les observations à ce jour laissent à penser que l’hypnose est efficace pour la gestion des phobies et peurs extrêmes ».
Certaines études contrôlées montrent des résultats notables :
- Une étude rapportée dans la littérature a observé une amélioration chez 52 % des patients phobiques après une seule séance d’hypnose thérapeutique.
Ce chiffre de 52 % correspond à des patients ayant noté un soulagement significatif de leurs symptômes phobiques immédiatement après la séance (pour une phobie spécifique donnée).
- Une autre étude sur 158 patients phobiques a montré qu’après une session unique de 45 minutes combinant hypnose, restructuration cognitive et apprentissage de l’auto-hypnose, 30 % des patients rapportaient une maîtrise complète de leur anxiété phobique, 28 % une maîtrise partielle, et 42 % aucune amélioration immédiate. Cependant, à 6 mois de suivi, la proportion de patients avec une bonne amélioration avait augmenté (ce qui suggère que l’effet de l’hypnose peut se consolider avec le temps).
- Une méta-analyse (agrégation de plusieurs études cliniques) citée par certains auteurs (Bioy, 2020) indique un taux de succès d’environ 77 % pour l’hypnothérapie dans le traitement des phobies, un taux qui surpasserait celui de certaines autres formes de thérapie.
Ce taux élevé est à prendre avec prudence car les définitions du “succès” varient d’une étude à l’autre. Néanmoins, cela donne une idée du potentiel élevé de l’hypnose.
- Des études spécifiques ont montré l’efficacité de l’hypnose pour des phobies précises : par ex, une publication du Journal of Consulting and Clinical Psychology a conclu que l’hypnothérapie est un moyen efficace pour traiter des phobies spécifiques liées aux animaux, au sang et aux blessures.
Une autre dans le British Medical Journal a trouvé que l’hypnose peut être utilisée avec succès pour traiter des troubles anxieux comme les phobies et attaques de panique.
- D’un point de vue neurologique, des recherches en imagerie suggèrent que l’hypnose peut modifier l’activité des régions cérébrales de la peur (amygdale), ce qui pourrait expliquer son efficacité : en état hypnotique, le cerveau peut réapprendre une réponse émotionnelle plus adaptée.
Bien sûr, comme toute thérapie, l’efficacité peut varier selon les individus et le degré de phobie. Mais globalement, l’hypnose est aujourd’hui considérée comme une thérapie brève prometteuse pour les phobies, avec l’avantage de souvent donner des résultats en peu de séances.
Une séance d’hypnothérapie dure généralement de 45 minutes à 1 heure. Le nombre de séances nécessaires pour une phobie spécifique isolée est souvent brève (quelques séances).
De nombreux phobiques rapportent des progrès significatifs en seulement 3 à 5 séances d’hypnose. Pour des phobies complexes ou anciennes, il peut en falloir davantage, mais cela reste en général de l’ordre de quelques mois de thérapie, pas des années.
Avantages de l’hypnothérapie
- Rapidité des résultats : L’hypnose, en s’adressant directement à l’inconscient, permet souvent de gagner du temps.
Des améliorations peuvent apparaître dès les premières séances, ce qui motive le patient.
Il n’est pas rare qu’un patient constate un changement notable après seulement une ou deux séances (par exemple, une diminution franche de l’anxiété à l’idée de la situation phobique).
- Approche en douceur : Contrairement à une exposition réelle brutale qui ferait très peur, l’hypnose offre une méthode douce.
Le patient n’est pas forcé d’affronter concrètement sa phobie tant qu’il ne s’en sent pas prêt. Il le fait d’abord en imagination, protégé par l’état hypnotique.
Cela réduit la souffrance durant le processus thérapeutique. En hypnose, on peut même installer un “lieu sûr” dans lequel le patient peut se réfugier mentalement s’il se sent trop angoissé à un moment – c’est plus confortable.
Le but est que la personne ne soit jamais en panique totale durant la thérapie, mais toujours dans une zone de progression tolérable.
- Absence d’effets secondaires physiques : L’hypnose est une méthode non médicamenteuse, donc pas d’effets secondaires chimiques, pas de dépendance.
C’est une approche naturelle, où le sujet reste acteur. Comparé aux anxiolytiques qui peuvent sédater ou entraîner des effets indésirables, l’hypnose présente l’avantage de ne rien introduire d’extérieur dans l’organisme.
- Empowerment (autonomisation) : L’hypnothérapie apprend souvent au patient des techniques d’auto-contrôle de son anxiété (respiration, imagerie apaisante, auto-suggestion).
Il devient donc plus autonome pour gérer ses peurs. Au fil des séances, la confiance en soi remonte – le patient voit qu’il peut agir sur ses réactions internes. Cela contraste avec le sentiment d’impuissance qu’il avait face à sa phobie.
- Efficacité durable : Plutôt que de simplement masquer les symptômes, l’hypnose vise à restructurer les associations mentales liées à la phobie.
En clair, on modifie le “programme” interne de la peur.
Si la thérapie est bien menée, les résultats ont tendance à se maintenir à long terme, surtout si le patient continue à pratiquer de temps en temps l’auto-hypnose en prévention.
Des suivis montrent qu’après 6 mois, beaucoup de patients traités par hypnose pour des phobies maintiennent leurs progrès, voire continuent à s’améliorer.
Limites et précautions
L’hypnose n’est pas une baguette magique universelle. Quelques points à noter :
- Elle requiert la motivation et la collaboration du patient. Quelqu’un de très sceptique ou résistant aura peut-être du mal à lâcher prise pour entrer en transe.
Toutefois, la plupart des gens y parviennent s’ils sont ouverts, d’autant que l’hypnose moderne est très respectueuse (on explique bien les choses).
- Certaines phobies liées à des troubles plus larges (ex : phobie sociale sévère dans un contexte d’autisme, ou phobies dans un trouble obsessionnel complexe) peuvent nécessiter une prise en charge pluridisciplinaire.
L’hypnose peut alors être un outil parmi d’autres, mais pas forcément suffisant seul.
- Il est important de consulter un thérapeute qualifié en hypnose.
En France, l’hypnose thérapeutique est pratiquée par des psychologues, des médecins, ou des hypnothérapeutes certifiés. Assurez-vous du sérieux de la formation du praticien.
Un hypnothérapeute expérimenté saura adapter les suggestions à chaque personne ; un praticien mal formé pourrait ne pas obtenir de résultats, voire mal gérer une réaction émotionnelle (par ex, faire resurgir un trauma sans bien recadrer peut perturber le patient). Donc, comme pour toute thérapie, choisissez bien le professionnel.
- Durant les séances, le patient reste conscient et peut à tout moment sortir de la transe s’il le souhaite.
Il n’y a donc pas de danger de “contrôle mental” ou autre fantasme. Cependant, il peut arriver qu’une séance fasse surgir des émotions intenses (pleurs, tremblements) si un nœud émotionnel est dénoué – le thérapeute est là pour accompagner et apaiser cela.
Après une bonne séance d’hypnose, on ressort en général détendu, parfois un peu fatigué (comme après un rêve très prenant). Il vaut mieux se prévoir un moment calme après, pour bien assimiler.
Reconnaissance de l’hypnose
De plus en plus, l’hypnose est reconnue dans le milieu médical comme un complément efficace.
Elle est utilisée en milieu hospitalier pour la douleur, l’anesthésie, et aussi pour l’anxiété (certains hôpitaux ont des consultations d’hypnose pour les phobies des soins, comme la peur des piqûres chez les enfants).
La Haute Autorité de Santé en France encourage les thérapies non médicamenteuses comme l’hypnose dans l’anxiété, et plusieurs centres de formation pour professionnels de santé forment à l’hypnose médicale. Cette crédibilisation s’appuie sur les résultats positifs constatés dans la pratique.
Hypnose et exposition réelle
Souvent, l’hypnose va de pair avec un passage à l’action dans la réalité.
Vers la fin de la thérapie, le thérapeute pourra encourager le patient à tester graduellement ses progrès sur le terrain (par exemple, après avoir bien visualisé en hypnose la prise de l’avion, il prendra un vrai vol court-courrier).
L’hypnose aura préparé le terrain mental pour que l’exposition réelle se passe sans panique.
Cette combinaison donne d’excellents résultats : la personne vit alors concrètement l’absence de danger ou sa capacité à gérer, ce qui achève souvent de la convaincre qu’elle est guérie ou sur la voie de l’être.
En résumé, l’hypnothérapie est un traitement prometteur et souvent très efficace des phobies.
Elle agit en profondeur sur les mécanismes inconscients de la peur, de façon douce et relativement rapide. De plus, elle redonne du pouvoir au patient sur son propre mental.
Les études disponibles ainsi que l’expérience clinique de nombreux thérapeutes indiquent des taux de succès élevés et un soulagement significatif pour la majorité des phobiques traités par hypnose.
Bien menée par un professionnel, c’est une approche sûre qui peut permettre de surmonter définitivement des peurs qui paraissaient insurmontables.
Le message à retenir : les phobies se soignent, et l’hypnose est l’un des outils de choix pour y parvenir.
Personne n’est condamné à vivre toute sa vie prisonnier d’une phobie : avec quelques séances d’hypnose, on peut souvent rouvrir des portes que l’anxiété avait fermées.
Les troubles anxieux quels qu’ils soient ne sont pas irrémédiables, ils se résolvent !
Exercices pratiques et vidéo d'hypnothérapie

Dans cette partie, je vous présente quelques exercices vous permettant de réguler certains aspects anxieux en rapport avec les traumatismes psychiques. Ainsi qu'une séance d'hypnothérapie en cas de crise d'angoisse (tétanie, spasmophilie).
Ces exercices, comme cette vidéo ne vous permettront pas de résoudre vos ou votre traumatisme(s), seulement d'apaiser temporairement certains symptômes.
Si vous souhaitez travailler un traumatisme psychique vous pouvez le faire via le bouton ci-dessous :
Cohérence cardiaque
Avant de commencer, choisissez un endroit calme où vous ne serez pas dérangé. Installé vous confortablement, soit sur une chaise ou même au sol avec un coussin. Vous pouvez fermer les yeux si cela vous aide.
La durée de la session est de 5 minutes à effectuer de préférence 3 fois par jour.
Le principe de la cohérence est celui de la respiration contrôlée, c’est-à-dire :
- Inspiration : Inspirez doucement et profondément par le nez pendant 5 secondes.
- Expiration : Expirez lentement par la bouche pendant 5 secondes.
Continuez ce cycle de respiration pendant toute la durée de la séance (5 minutes).
Pendant l’exercice, concentrez-vous sur votre respiration et, si vous le souhaitez, imaginez que votre cœur bat en harmonie avec ce rythme. Cela peut aider à induire une sensation de calme et de régulation.
Respiration carrée
Avant de commencer, choisissez un endroit calme et installez-vous confortablement. Vous pouvez fermer les yeux si cela vous permet de mieux vous concentrer.
Un cycle de respiration carrée, se déroule en 4 phases égales. Choisissez une durée pour chaque phase. Une durée couramment utilisée est de 4 secondes par phase, mais vous pouvez l’ajuster en fonction de votre confort.
Une fois la durée choisie, procédé comme suit :
- Inspiration : Inspirez doucement par le nez pendant 4 secondes.
- Rétention : Retenez votre souffle pendant 4 secondes.
- Expiration : Expirez lentement par la bouche pendant 4 secondes.
- Rétention : Restez sans respirer pendant 4 secondes.
Répétez ce cycle pendant quelques minutes (par exemple, 5 minutes) ou aussi longtemps que vous le souhaitez. L’objectif est de maintenir un rythme régulier et de vous concentrer sur les sensations de votre respiration.
Technique d'ancrage sensorielle
Cet exercice vous aide à ramener votre attention au moment présent, particulièrement utile lors d’épisodes de crises d’angoisses.
Le protocole se déroule comme suit :
- 5 choses que vous pouvez voir : Regardez autour de vous et notez cinq éléments visuels.
- 4 choses que vous pouvez toucher : Touchez et identifiez quatre textures ou objets différents.
- 3 choses que vous pouvez entendre : Écoutez et identifiez trois sons distincts dans votre environnement.
- 2 choses que vous pouvez sentir : Identifiez deux odeurs présentes autour de vous.
- 1 chose que vous pouvez goûter : Concentrez-vous sur un goût présent ou imaginez-en un agréable.
Séance d'hypnothérapie pour les crises d'angoisses (tétanie, spasmophilie)
Si vous préférez travailler en hypnothérapie, j’ai enregistré une séance vous permettant de réguler votre état émotionnel en cas de crise d’angoisse.
Je vous conseille d’écouter cette séance dans un endroit calme, assis ou allongé comme vous préférez. Et si vous le pouvez avec des écouteurs ou casque pour une meilleure immersion.
Conclusion

En conclusion, les phobies représentent un trouble anxieux courant, caractérisé par une peur intense, irrationnelle et incontrôlable d’un objet ou d’une situation spécifique.
Qu’il s’agisse de phobies spécifiques (peur ciblée comme les araignées, l’avion, le sang…), d’agoraphobie ou de phobie sociale, ces peurs peuvent aller d’un petit désagrément sans conséquence jusqu’à un handicap sévère entravant la vie quotidienne.
Nous avons vu que la phobie se distingue d’une peur ordinaire par son caractère disproportionné et paroxystique – le phobique ressent une véritable terreur panique là où la plupart des gens restent calmes, et cela malgré la conscience du caractère absurde de cette peur.
Les origines des phobies sont multifactorielles : apprentissages durant l’enfance, événements traumatiques, modelage familial, terrain anxieux ou hyper-réactivité cérébrale… Toutes convergent pour créer une association malheureuse entre un stimulus et une émotion de peur extrême.
Une fois installée, la phobie se nourrit d’elle-même, notamment via l’évitement et d’autres mécanismes de défense (déni, contrôle excessif, etc.) qui soulagent à court terme mais entretiennent le problème à long terme.
Sans intervention, la phobie peut ainsi se chroniciser et parfois s’aggraver, en se ramifiant à d’autres peurs ou en conduisant à un isolement et une détresse croissants.
Cependant, le message essentiel de cet article est résolument optimiste : une phobie n’est pas une fatalité. Il existe des solutions éprouvées pour s’en libérer.
Parmi elles, nous avons mis en lumière l’hypnothérapie, une approche douce, efficace et scientifiquement soutenue pour retravailler en profondeur les réactions phobiques.
L’hypnose permet de reprogrammer la peur en sécurité, de redonner au patient le contrôle sur ses réactions, et souvent d’obtenir des résultats rapides, durables, sans effets secondaires.
De nombreux phobiques traités témoignent d’un véritable changement de vie : ce qui autrefois les terrorisait devient anodin ou gérable.
Quelle victoire personnelle, par exemple, pour une personne qui ne pouvait pas sortir seule, de pouvoir à nouveau se promener librement et profiter de la vie ! Ou pour quelqu’un qui tremblait à l’idée de parler en public, de réussir à faire un exposé sereinement. Ces progrès sont à la portée de chacun avec un accompagnement adapté.
Il convient également de souligner que consulter un professionnel (psychologue, hypnothérapeute, psychiatre) n’est pas un signe de faiblesse face à sa phobie, bien au contraire. C’est faire preuve de courage et de volonté de changement.
Les phobies touchent des millions de personnes ; il n’y a aucune honte à en souffrir, pas plus qu’il n’y en a à avoir de l’asthme ou du diabète – et de même, il est normal de chercher de l’aide pour se soigner.
Les connaissances actuelles sur les phobies permettent d’espérer une issue favorable dans la grande majorité des cas. Les thérapies comportementales et l’hypnose notamment affichent de très hauts taux de réussite.
Même les phobies présentes depuis des décennies peuvent être surmontées, car le cerveau conserve sa capacité d’apprentissage à tout âge : il peut désapprendre une peur et en apprendre une nouvelle réponse, plus adaptée.
En plus du traitement de fond, il est utile de rappeler quelques conseils d’ordre général à toute personne phobique : en parler à un proche de confiance (pour ne pas rester seul face à sa peur), éviter l’automédication anxiolytique prolongée (qui cache le symptôme sans le résoudre), et ne pas se décourager si l’amélioration est progressive.
Chaque petit pas compte – par exemple oser rester 5 secondes de plus que d’habitude dans une situation phobique est déjà un progrès. La phobie se bat souvent pas à pas, mais une fois qu’on voit qu’elle recule, c’est extrêmement gratifiant et libérateur.
En terminant, retenons que surmonter une phobie est tout à fait possible.
Avec de la compréhension (de soi et du trouble), de la patience et l’aide appropriée, on peut démanteler ce mécanisme de peur irrationnelle et reprendre le contrôle de sa vie.
Les phobies font partie des troubles anxieux les mieux traités en psychothérapie car leur cible est claire et leur évolution est favorable dès qu’on s’y attaque méthodiquement.
Si vous souffrez vous-même de phobie(s), j'espère que cet article vous aura apporté un éclairage utile et surtout l’espoir que des jours meilleurs sont possibles.
N’hésitez pas à solliciter les professionnels compétents, à vous informer auprès de sources fiables (associations, sites spécialisés, etc.) et à croire en vos capacités de changement.
Comme le dit un adage : « La peur frappe à la porte, le courage se lève et va ouvrir... il n’y a plus personne ».
En d’autres termes, une fois que vous ferez face à votre phobie avec les bonnes armes, vous découvrirez que le monstre n’était qu’une illusion entretenue par la crainte. Vous pourrez alors ouvrir la porte vers une vie libérée de cette peur irrationnelle.
Effectuez une thérapie en Visioconférence !
Il est tout à fait possible d'effectuer des séances d'hypnothérapie en visioconférence, les résultats sont exactement les mêmes qu'en cabinet !
Les troubles anxieux ne sont jamais une fatalité, même anciens ou important ils peuvent être résolus en quelques séances.
Alors, prêt à commencer à changer ? A résoudre votre problématique ?
A retenir
Les phobies sont des troubles anxieux courants, touchant environ 10 % de la population, et se caractérisent par une peur intense, irrationnelle et incontrôlable face à un objet ou une situation spécifique. Elles peuvent être spécifiques (animaux, sang, hauteurs…) ou complexes (agoraphobie, phobie sociale).
Contrairement à une peur ordinaire, elles provoquent une réaction paroxystique immédiate, souvent accompagnée de crises d’angoisse, et entraînent des évictions qui limitent le quotidien (travail, relations sociales, déplacements…).
Les causes des phobies sont multiples : expériences traumatisantes, apprentissage parental, tempérament anxieux ou hyper-réactivité cérébrale.
Elles sont souvent entretenues par des mécanismes de défense tels que l’évitement, le contrôle excessif ou la dissociation. Sans prise en charge, elles peuvent s’aggraver et entraîner isolement, dépression et anxiété généralisée.
Parmi les solutions thérapeutiques, l’hypnothérapie est une méthode efficace et reconnue.
Elle agit directement sur l’inconscient, permettant de reprogrammer la peur en remplaçant l’association phobique par une réponse apaisée. Grâce à des techniques de visualisation, désensibilisation et ancrage émotionnel, l’hypnose aide à réduire progressivement l’anxiété phobique, avec des résultats souvent rapides (dès 3 à 5 séances).
Les phobies ne sont pas une fatalité : avec un accompagnement adapté, il est possible de retrouver une vie libérée de ces peurs et d’améliorer considérablement sa qualité de vie.
Questions fréquentes

- Quelle est la différence entre une peur normale et une phobie ?
Une peur normale est une réaction proportionnée à un danger réel (par exemple avoir peur face à un chien qui montre les crocs de façon menaçante). Une phobie, en revanche, est une peur démesurée et irrationnelle déclenchée par un objet ou une situation qui ne représente pas un danger réel ou grave. La phobie provoque une anxiété intense, incontrôlable, et souvent la personne sait que sa peur est excessive mais ne parvient pas à la raisonner. De plus, la phobie s’accompagne d’évitement systématique, ce qui n’est pas le cas d’une peur ordinaire (une personne peurreuse peut quand même affronter sa peur si nécessaire, alors qu’une personne phobique fera tout pour l’éviter). En somme, la phobie est une peur pathologique, par son intensité (panique, crises d’angoisse) et son caractère inadapté à la réalité (peur sans danger objectif).
- Quelles sont les phobies les plus courantes ?
Les phobies spécifiques les plus répandues touchent souvent les animaux (notamment l’arachnophobie, la peur des araignées, très fréquente), les hauteurs (acrophobie, vertige), l’obscurité, les orages, ainsi que la peur du sang et des piqûres (hématophobie, trypanophobie). Beaucoup d’enfants ont des peurs intenses de certains animaux ou de l’obscurité qui peuvent persister. Chez les adultes, on retrouve fréquemment la claustrophobie (peur des lieux clos comme les ascenseurs), l’aviophobie (peur de l’avion), la peur de conduire ou de prendre la voiture (amaxophobie), la peur de vomir (émétophobie). Par ailleurs, parmi les phobies complexes, la phobie sociale (peur du regard et du jugement d’autrui) et l’agoraphobie (peur des espaces publics difficiles à fuir) sont assez communes – environ 3 à 5 % de la population pour la phobie sociale sévère et jusqu’à 8 % ou plus pour une agoraphobie à divers degrés. Enfin, on peut citer la mysophobie (peur des germes et de la saleté) qui est mise en avant parfois (peur des microbes). Mais de manière générale, la phobie d’un animal (araignée, serpent, chien) ou d’une situation comme la hauteur ou les espaces confinés figurent parmi les plus classiques.
- Qu’est-ce que la phobie sociale et l’agoraphobie ?
Ce sont deux formes de phobies dites “complexes”. La phobie sociale (ou trouble d’anxiété sociale) est la peur intense et persistante des situations où l’on est exposé au regard des autres, de peur d’être jugé négativement ou ridicule. La personne phobique sociale redoute par exemple de parler en public, de participer à des réunions, de manger devant d’autres, de rencontrer de nouvelles personnes – toute situation où elle pourrait se sentir embarrassée. Cette peur peut mener à éviter les interactions sociales, les fêtes, les réunions de travail, etc., et s’accompagne de symptômes comme rougir, trembler, bégayer en public. L’agoraphobie, elle, est la peur de se retrouver dans des endroits d’où il serait difficile de s’échapper ou de recevoir de l’aide en cas de malaise. Typiquement, l’agoraphobe redoute des lieux comme les transports en commun, les centres commerciaux, les concerts, les files d’attente, les grands espaces découverts ou les endroits loin de la “zone de confort” (souvent le domicile). Ce n’est pas simplement la peur de la foule : c’est la peur de perdre contrôle en public et de ne pas pouvoir fuir. Souvent, l’agoraphobie apparaît suite à des attaques de panique – la personne craint d’avoir une crise d’angoisse dans un lieu public et évite donc ces lieux. Dans les cas sévères, agoraphobie et phobie sociale peuvent être très invalidantes : le phobique social peut se couper de toute vie sociale/professionnelle, l’agoraphobe peut ne plus oser sortir de chez lui sans être accompagné. Ce sont deux troubles classés parmi les troubles anxieux au même titre que les phobies spécifiques, mais leur objet phobogène est plus diffus (situations sociales pour l’un, environnement ouvert/éloigné pour l’autre).
- Quelles sont les causes des phobies ?
Les phobies n’ont pas une cause unique, elles résultent généralement d’une combinaison de facteurs. On peut citer :
Des expériences traumatisantes ou effrayantes surtout pendant l’enfance : par exemple, se faire mordre par un chien dans l’enfance peut causer une phobie des chiens, ou rester coincé dans un ascenseur peut déclencher une claustrophobie.
L’observation ou les messages transmis : on peut “apprendre” une peur en voyant quelqu’un d’autre avoir très peur ou en étant mis en garde de façon exagérée. Par exemple, un enfant dont la mère hurle à la vue d’une araignée peut intégrer cette peur (on parle d’apprentissage vicariant). De même, grandir dans une famille qui perçoit le monde comme dangereux (parents surprotecteurs, alarmistes) peut rendre l’enfant anxieux et favoriser une phobie plus tard.
Les facteurs de personnalité : une tendance anxieuse de nature, une timidité extrême, un perfectionnisme ou un manque de confiance en soi peuvent prédisposer aux phobies. Par exemple, la phobie sociale touche souvent des personnes qui étaient très timides enfants ou qui manquent d’estime d’elles-mêmes.
Un éventuel terrain génétique : il n’y a pas de gène de la phobie identifié, mais l’anxiété en général a une composante héréditaire modérée. Disons que si vos parents sont très anxieux ou phobiques, vous avez plus de risques de l’être aussi, en partie par hérédité et en partie par imitation. C’est donc plutôt une vulnérabilité qu’une cause directe.
Des mécanismes neurologiques : le cerveau peut “sur-apprendre” la peur. L’amygdale (centre de la peur) joue un rôle : une forte frayeur laisse une trace dans l’amygdale, et si cette trace est très forte, elle peut se réactiver dès qu’un élément associé apparaît. Par exemple, si vous avez eu très peur en prenant l’avion lors de fortes turbulences, votre amygdale peut garder ce souvenir et dorénavant se déclencher dès que vous montez dans un avion, même sans turbulences – ce qui crée la phobie de l’avion. En résumé, la cause d’une phobie est souvent un événement initial (réel ou imaginé) couplé à un terrain anxieux. Ensuite, la phobie s’entretient par l’évitement. À noter que parfois on ne retrouve pas de “premier événement” clair – la phobie a pu s’installer graduellement. Mais il y a toujours une raison à la base, même inconsciente (par ex, la symbolique d’une phobie peut parfois venir d’un conflit interne, selon la psychanalyse). Quoi qu’il en soit, connaître la cause n’est pas toujours nécessaire pour traiter, car on agit sur le mécanisme de peur actuel.
- Les phobies sont-elles fréquentes ?
Oui. Les phobies comptent parmi les troubles psychologiques les plus communs. On estime qu’environ 10 % de la population développera une phobie spécifique au cours de sa vie, ce qui est énorme (1 personne sur 10). Certains sondages plus larges indiquent même jusqu’à une personne sur 5 ayant au moins une phobie, mais cela dépend où l’on place la barre entre peur et phobie. Dans tous les cas, les phobies sont très répandues. Elles sont d’ailleurs souvent citées comme le trouble psychiatrique le plus fréquent chez l’enfant (beaucoup d’enfants ont des phobies transitoires). Par exemple, la peur du noir, des monstres, etc. Chez les adultes, les phobies spécifiques ont une prévalence sur 12 mois d’environ 7–9% en général, et une prévalence vie entière autour de 12%. La phobie sociale touche environ 3 à 4% des gens de façon marquée, et jusqu’à 10% de façon plus modérée dans la population. L’agoraphobie significative peut concerner quelques pourcents (peut-être 2 à 4%), mais si on inclut des degrés légers on monte à près de 10%. En outre, les femmes sont globalement plus touchées que les hommes dans un rapport d’environ 2 pour 1 (sauf phobie sociale qui touche les deux sexes pareillement). Donc si vous avez une phobie, dites-vous bien que vous n’êtes pas seul : c’est un problème fréquent et connu. Il existe d’ailleurs de nombreuses communautés ou forums où les personnes phobiques échangent leurs expériences, preuve que c’est loin d’être rare. Les phobies sont suffisamment fréquentes pour être un sujet d’étude majeur en psychiatrie, et il y a beaucoup de documentation et de spécialistes sur le sujet.
- Peut-on avoir plusieurs phobies en même temps ?
Oui, c’est tout à fait possible – et même assez courant. Beaucoup de personnes phobiques ont en réalité plusieurs phobies spécifiques. Par exemple, quelqu’un pourrait être à la fois arachnophobe et claustrophobe. Ou avoir peur des serpents et du vide et des ascenseurs. Souvent, certaines phobies vont par ensemble : peur du sang et peur des aiguilles vont ensemble, ou agoraphobie et claustrophobie se combinent (peur de se retrouver bloqué dehors et dedans !). Les études épidémiologiques montrent qu’une personne qui a une phobie spécifique a plus de chances d’en avoir une deuxième qu’une personne lambda d’en avoir une – il y a un terrain anxieux propice. On peut aussi avoir une phobie complexe + des phobies spécifiques. Par exemple, un agoraphobe peut aussi développer la phobie de la foule et la phobie des ponts et la phobie de la voiture… Parfois on parle de “phobie généralisée” quand ça englobe de multiples situations. Mais officiellement, on diagnostique plusieurs phobies. La bonne nouvelle, c’est que souvent traiter l’une améliore les autres, parce qu’on s’attaque à la racine anxieuse commune. Par exemple, quelqu’un qui suit une thérapie pour sa phobie des araignées et reprend confiance en lui peut constater que, tiens, sa vieille peur des orages s’est elle aussi atténuée. Cependant, il peut arriver qu’une phobie en cache une autre : p.ex une personne vient consulter pour sa phobie de l’avion, et on découvre qu’elle a aussi très peur de vomir (et que c’est surtout ça qui la rend anxieuse en avion). Il faut alors traiter les deux de front. Donc oui, on peut avoir plusieurs phobies, et dans ce cas il faut éventuellement les lister pour toutes les travailler. C’est fréquent, ne serait-ce que parce que si on a un tempérament anxieux, on peut accumuler les peurs. À l’extrême, certaines personnes peuvent avoir beaucoup de phobies spécifiques à la fois (on appelle ça une phobie multiple), ce qui se rapproche d’un trouble anxieux généralisé phobique.
- Une phobie peut-elle disparaître avec le temps ?
Cela dépend. Certaines phobies, notamment celles de l’enfance, peuvent s’estomper voire disparaître spontanément en grandissant. Par exemple, beaucoup d’enfants ont très peur du noir ou des monstres, et en devenant adolescents ces peurs s’en vont naturellement. On considère qu’une phobie chez l’enfant n’est pathologique que si elle persiste ou s’intensifie après un certain âge. En revanche, lorsqu’une phobie perdure jusqu’à l’âge adulte, il est rare qu’elle disparaisse d’elle-même sans intervention. Au contraire, souvent elle reste stable ou s’aggrave légèrement avec les années (à force d’évitement). Il arrive bien sûr que la vie nous fasse confronter la phobie malgré nous et que, à force, on s’y habitue. Par exemple, quelqu’un qui a toujours eu peur de conduire et qui se retrouve obligé par les circonstances de le faire quotidiennement, peut finir par surmonter sa phobie par exposition répétée. Ou encore, certaines personnes disent “avec l’âge, on prend du recul” et effectivement, des seniors rapportent ne plus avoir certaines peurs qu’ils avaient jeunes (peut-être parce que d’autres préoccupations les remplacent ou que le système nerveux est moins réactif). Mais dans l’ensemble, ne comptez pas trop sur une disparition naturelle miraculeuse si la phobie est bien ancrée. Surtout, ne pas rien faire en espérant que ça passe si la phobie vous handicape. Mieux vaut entreprendre une démarche (thérapeutique ou personnelle) pour la surmonter. Une exception : les phobies liées à un contexte temporaire. Par exemple, pendant une période de stress intense, quelqu’un développe une peur exagérée, puis quand le stress de la vie diminue, la phobie peut s’atténuer. Mais difficile de dire si c’est “la phobie qui disparaît” ou juste l’anxiété globale. En résumé : les phobies d’enfance peuvent disparaître spontanément, les phobies d’adulte beaucoup plus rarement (sauf si la personne s’y confronte accidentellement assez pour se désensibiliser). La plupart du temps, une phobie non traitée reste présente même des années plus tard. La bonne nouvelle, c’est qu’une phobie traitée peut, elle, bel et bien disparaître définitivement (ce qui est mieux que d’attendre en vain qu’elle parte toute seule).
- Comment diagnostiquer ou reconnaître une phobie chez soi ou un proche ?
Le diagnostic de phobie est clinique, c’est-à-dire basé sur les symptômes. Vous pouvez le reconnaître si :
Il y a une peur précise concernant une situation/objet particulier, qui revient systématiquement dans ces cas.
Cette peur est très intense, au point de provoquer une détresse marquée (réaction de panique, envie irrépressible de fuir).
La personne met en place des stratégies d’évitement de cette situation, parfois au détriment de sa routine normale.
Elle a conscience que sa réaction est excessive ou irrationnelle (ce critère est important chez l’adulte : un adulte phobique sait en général que son niveau de peur n’est pas logique, un enfant peut ne pas en avoir conscience).
Les symptômes durent depuis au moins 6 mois environ et se répètent. Si tout cela est réuni, il s’agit très probablement d’une phobie spécifique (ou phobie sociale/agoraphobie si c’est dans ces situations). Un médecin généraliste ou un psychologue peut poser ce diagnostic en discutant avec vous. Il n’y a pas de test de laboratoire, c’est vraiment l’entretien et l’observation qui permettent de conclure. Parfois, un phobique n’ose pas dire qu’il évite telle situation, ce sera l’entourage qui le remarquera. Par exemple, un ado qui refuse catégoriquement de prendre le métro et préfère marcher une heure : les parents peuvent suspecter une phobie (peut-être la foule, ou les souterrains). Si vous suspectez une phobie chez un proche, observez s’il y a évitement systématique et anxiété incontrôlable liés à quelque chose. Pour soi-même, on s’en rend compte généralement : si chaque fois que vous voyez un orage vous paniquez, ou que traverser un pont vous est impossible, et que ça dépasse une simple prudence, vous pouvez suspecter une phobie. Par prudence, on vérifie aussi qu’il n’y a pas un autre problème médical : par exemple, quelqu’un qui dit avoir peur de faire du sport car il panique, il peut confondre une phobie avec des crises de panique du trouble panique – c’est un peu technique, d’où l’intérêt de consulter un pro pour trancher. Mais en pratique, si une peur vous handicape et que vous l’évitez, on peut parler de phobie.
- La phobie est-elle dangereuse pour la santé ?
En elle-même, la phobie (c’est-à-dire la peur) n’est pas dangereuse physiquement. Une crise de panique liée à la phobie, par exemple, bien que terrifiante, n’entraîne pas de mort ni de crise cardiaque – c’est important de le rappeler. Les symptômes physiques (coeur qui bat vite, etc.) sont sans gravité médicale dans un corps sain, ils redescendent une fois la crise finie. Donc on ne meurt pas de peur en général. Cependant, indirectement la phobie peut poser des risques ou nuire à la santé. Par exemple :
Un phobique de l’hôpital ou des examens médicaux pourrait ne pas faire ses analyses ou consulter un médecin, au risque de laisser traîner des problèmes de santé. C’est un vrai souci (certaines personnes ont des complications parce qu’elles n’ont pas fait un soin à cause de leur phobie).
Quelqu’un en panique peut avoir un comportement dangereux en fuyant : traverser la route n’importe comment pour échapper à un chien par ex. Là, c’est la réaction paniquée qui devient dangereuse.
Vivre avec un état d’anxiété chronique peut favoriser des troubles comme l’hypertension, des ulcères, des troubles du sommeil, etc. Le stress chronique n’est pas bon pour l’organisme. Donc une phobie très invalidante qui fait vivre dans l’angoisse constante peut contribuer à affaiblir la santé physique sur le long terme (immunité, tension artérielle).
De plus, comme dit, certains phobiques abusent d’alcool ou de tranquillisants pour se calmer – ce sont ces comportements qui sont dangereux (risque d’addiction, atteintes hépatiques, accidents).
Sur le plan mental, la phobie peut conduire à la dépression ou à un état de désespoir, et dans de rares cas, si la personne se sent sans issue, ça peut mener à des idées suicidaires (surtout phobie sociale sévère par ex). Ce n’est pas la phobie qui tue, mais la souffrance psychique qu’elle peut induire si la personne se sent complètement prisonnière. Donc, directemement la phobie n’est pas mortelle, mais elle peut altérer la santé et la sécurité de manière indirecte, en entravant les soins ou en générant du stress et des conduites à risque. C’est pourquoi il faut la prendre au sérieux. Par analogie, avoir des crises d’angoisse phobiques, c’est comme avoir de temps en temps le cœur qui s’emballe – ce n’est pas un infarctus, mais ce n’est pas agréable et il vaut mieux traiter pour retrouver une vie plus sereine.
- Comment traite-t-on une phobie en général ?
Le traitement de première intention des phobies, selon les recommandations, ce sont les thérapies psychologiques. En particulier, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) a beaucoup de preuves d’efficacité. Elle consiste notamment à faire de l’exposition progressive à la situation phobique : par paliers, on habitue la personne à affronter sa peur, jusqu’à extinction de la réaction de panique. Par exemple, pour une phobie des ascenseurs, on commencera par juste imaginer un ascenseur, puis en voir un en vrai, puis monter un étage accompagné, etc., graduellement, jusqu’à ce que l’anxiété diminue. La TCC comprend aussi un versant cognitif : travailler sur les pensées exagérées (“cet ascenseur va se crasher, je vais mourir”, on apprend à les remplacer par “c’est très improbable, ces machines sont sûres”). Les TCC sont brèves (quelques mois) et très efficaces pour 70-90% des phobies spécifiques. Une autre approche est l’hypnothérapie, que nous avons détaillée, souvent utilisée seule ou en complément de la TCC, qui aide beaucoup à la désensibilisation. Il existe aussi l’EMDR (désensibilisation par mouvements oculaires), efficace surtout si la phobie est liée à un trauma (par ex accident). Parfois, les thérapies dites immersives en réalité virtuelle sont utilisées : on expose la personne via un casque VR à sa phobie (par ex simulation d’avion) dans un cadre contrôlé – c’est très utile pour l’aviophobie notamment. Côté médicaments, les médicaments ne guérissent pas une phobie, mais ils peuvent être un appoint pour gérer l’anxiété. Par exemple, un médecin peut prescrire un anxiolytique léger à prendre avant une situation inévitable (ex: prendre un calmant avant un vol en avion pour un phobique de l’avion). Ou donner un bêtabloquant pour diminuer les symptômes physiques (on le fait parfois pour la phobie sociale quand quelqu’un doit faire un exposé – le bêtabloquant réduit les palpitations et tremblements). Mais ça ne traite pas le fond du problème, ça aide juste à passer un cap. Les antidépresseurs ne sont généralement pas indiqués pour une simple phobie spécifique (ils sont plus utilisés dans l’anxiété généralisée ou les troubles paniques). Pour la phobie sociale sévère, un antidépresseur ISRS peut aider à réduire l’anxiété sociale de fond, combiné à la thérapie. Mais en bref, la pierre angulaire c’est la thérapie comportementale/exposition (avec ou sans hypnose, avec ou sans VR). Il y a aussi des approches plus “classiques” comme la psychanalyse qui va chercher le sens caché de la phobie – ça peut aider certaines personnes à comprendre leur peur, mais c’est plus long et pas garanti sur le symptôme (Freud lui-même avait traité le petit Hans phobique des chevaux en psychanalyse, avec succès cependant). En pratique de nos jours, on privilégie les méthodes actives type TCC. La bonne nouvelle, c’est que la plupart des phobies répondent très bien aux thérapies brèves : en quelques séances on voit déjà une amélioration marquée. Donc le traitement d’une phobie, c’est essentiellement apprendre à ne plus éviter et à rester en présence de l’objet phobique assez longtemps pour que la peur s’éteigne, souvent aidé par un thérapeute qui guide et rassure. Des techniques de relaxation (respiration, méditation) peuvent en plus aider à contrôler les symptômes lors des expositions. Enfin, l’éducation et l’information jouent un rôle : rien que de comprendre comment fonctionne la phobie (réaction de fight-or-flight inappropriée) permet parfois d’avoir plus de contrôle.
- L’hypnothérapie est-elle efficace contre les phobies ?
Oui, l’hypnose thérapeutique est reconnue comme efficace pour traiter les phobies spécifiques et les phobies complexes, souvent en complément des expositions. Sous hypnose, le patient peut être exposé en imagination à sa phobie sans panique, ce qui reprogramme son cerveau. Les études montrent de bons taux de réussite. Par exemple, des travaux indiquent une amélioration chez plus de la moitié des patients après une seule séance d’hypnose pour une phobie donnée, et jusqu’à 77% de succès après quelques séances selon une méta-analyse. Bien sûr, cela varie selon les individus, mais globalement beaucoup de phobiques se libèrent de leur peur grâce à l’hypnose. L’hypnothérapie aide à changer les associations négatives inconscientes et à installer un calme face à l’ancien déclencheur de peur. Elle est particulièrement utile si la personne a du mal à affronter directement sa phobie, car on peut faire un travail en douceur, indirectement. Souvent, 2 à 6 séances d’hypnose suffisent pour une phobie spécifique. Pour une phobie sociale/agoraphobie, ça peut prendre un peu plus de temps, mais ça peut quand même améliorer la situation en quelques mois. L’avantage de l’hypnose est aussi d’apprendre au patient des outils (autosuggestion, visualisation relaxante) qu’il peut réutiliser de lui-même dès qu’il sent l’angoisse monter. En résumé, l’hypnothérapie est un allié puissant contre les phobies (de l’avis de nombreux thérapeutes et patients). Elle ne “remplace” pas toujours totalement l’exposition réelle, mais elle la facilite grandement et accélère le processus. Et pour certains, elle suffit presque à elle seule (notamment quand la phobie est très liée à un souvenir qu’on peut retravailler sous hypnose). Donc oui, c’est efficace, et c’est une approche de plus en plus recommandée dans la prise en charge des troubles anxieux phobiques.
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Hypnothérapeute intervenant au CHU de Caen
Pour aller plus loin
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